Un roman de Donal Ryan publié chez Albin Michel
(sortie le 27/03/2019)
Voilà une véritable pépite, un vrai coup de cœur que j’ai eu la chance de découvrir en avant-première et qui sort le 27 mars.
Un récit sombre nimbé d’éclaircies, un ciel d’Irlande à lui tout seul.
Melody Shee, la narratrice, commence son récit à la douzième semaine de sa grossesse. Semaine après semaine, tandis qu’elle sent le bébé bouger à l’intérieur d’elle, elle raconte ses peurs et sa douleur, puis parle de son père, un homme bon à qui elle préfère cacher la vérité pour ne pas le briser ; de sa mère énigmatique aujourd’hui disparue ; de son mari manipulateur qui a des relations sexuelles avec des prostituées. Se débattant avec ses démons intérieurs, la jeune femme se laisse parfois happer par les espoirs d’un avenir possible, mais le passé toujours la rattrape : ce qu’elle a fait à sa meilleure amie Breedie Flynn des années plus tôt continue de la hanter. C’est alors qu’elle fait la rencontre de Mary Crothery, une jeune femme de la communauté des gens du voyage qui en sait plus sur elle qu’elle ne veut bien le laisser paraître et pourrait bien la sauver.
Melody Shee, 33 ans, commet l’irréparable en couchant avec son élève Martin Toppy, 17 ans, issu de la communauté des gens du voyage. Et la voilà enceinte, elle qui pourtant a multiplié les fausses couches avec son mari.
La première grossesse, période si particulière, où les changements du corps incitent à l’introspection.
Cette introspection menée par la future mère nous est contée, semaine après semaine, se mêlant aux fracas de sa vie éclatée.
Comment devenir mère lorsqu’on se déteste autant ? Comment trouver la paix lorsqu’on a brisé les autres à force de vouloir se détruire soi-même ?
Quels sont les chemins de la rédemption ?
Donal Ryan, jeune auteur talentueux, mène un récit sur la culpabilité de Melody, ne pouvant se pardonner d’avoir trahie son amie d’enfance, de ne pas avoir su aimer son père ou d’avoir trop aimé son mari au point de le haïr.
Cependant, des bouffées d’oxygène, timides éclaircies, viennent nous réchauffer le corps et le cœur meurtri comme celui de notre héroïne.
Mary, jeune femme issue du même clan que le jeune Martin, vient offrir une raison à Melody de continuer tout en nous offrant une immersion dans la vie du « peuple du vent ». Communauté d’honneur et aux règles si particulières où les conflits se règlent avec le sang coulé.
Pourtant, n’allez pas croire que les hommes mènent la danse. C’est un récit de femmes fortes.
Récit de mères aussi : incapables d’aimer, incapables de pardonner, mères en devenir ou mères impossibles.
Récit qui se lit en un souffle mais dont le souvenir reste, depuis, collé à mes pas.
Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel.
Breedie Flynn devrait encore être de ce monde, une scientifique ou une chirurgienne ou une actrice ou une grande romancière, mais je lui ai préféré d’autres filles, et je me suis détournée d’elle la seule fois où elle m’a demandé pourquoi, et je sais qu’elle pensait à moi au cours de ses derniers instants, aussi vain que cela paraisse, parce qu’elle m’aimait et que je lui avais brisé le cœur. J’aurais pu sauver Breedie Flynn. Mais les filles populaires du lycée la détestaient, et je ne pouvais appartenir à leur groupe si je restais son amie, alors je l’ai rejetée comme les autres, et on l’a fait pleurer tous les jours. Je leur ai raconté des choses qu’elle m’avait confiées sous sa couette, ma main dans la sienne, et quand elle m’avait demandé : Tu promets, Melody, tu ne diras rien à personne ?, j’avais embrassé sa joue mouillée et je lui avais caressé les cheveux et j’avais promis.