Un roman de Jacky Schwartzmann publié aux éditions Points
« J’avais un nom de juif et une tête d’Arabe mais en fait j’étais normal. » Voici François Feldman, originaire de la cité des Buers à Lyon, plus tout à fait un gars des quartiers mais n’ayant jamais réussi non plus à se faire adopter des Lyonnais de souche, dont il ne partage ni les valeurs ni le compte épargne. Il est entre deux mondes, et ça le rend philosophe. Juliane, elle, c’est sa banquière. BCBG, rigide et totalement dénuée de sens de l’humour, lassée de renflouer le compte de François à coups de prêt. « Entre elle et moi, de sales petites bestioles ne cessaient de se reproduire et de pourrir notre relation, ces sales petites bêtes contre lesquelles nous ne sommes pas tous égaux : les agios. »
Mais le rapport de force va s’inverser quand, un soir, François lui sauve la mise, un peu malgré lui, suite à un terrible accident. Et la banquière coincée flanquée du faux rebeu des cités de se retrouver dans une improbable cavale, à fuir à la fois la police et un caïd de banlieue qui a posé un contrat sur leurs têtes. Pour survivre, ils vont devoir laisser leurs préjugés au bord de la route, faire front commun. Et c’est loin d’être gagné.
Voilà un polar rafraîchissant pour cet été.
François Feldman est, selon ses dires, mal barré : nom de juif (homonyme qui plus est d’un chanteur populaire) et tête d’arabe.
Petit commerçant, il a enfin trouvé une idée merveilleuse pour se faire un max d’argent. Problème : ses relations compliquées avec sa banquière qui lui refuse le crédit nécessaire pour monter sa petite entreprise.
Voilà le début des ennuis de François, des gros ennuis… Pour moi qui ne lit que peu de polars, j’ai apprécié cette lecture pour son côté cynique et comique.
Le personnage principal avec son bagoût et son parler châtié est tour à tour hilarant et exaspérant.
Le récit est bref, et les rebondissements se succèdent.
Petit plus pour moi, l’action se déroule sur Lyon et ses environs, autant dire qu’il ne m’a pas fallu, pour une fois, faire preuve de beaucoup d’imagination pour visualiser les lieux.
Le bémol principal serait, à mon sens, la fin du récit avec son côté un peu trop prévisible.
Et vous, lisez-vous beaucoup de polars ?
J’étais toujours convoqué. La dernière fois, je devais avoir quinze ans, je crois, c’était la conseillère d’orientation, Mme Frinck, une grosse femme assez vieille qui devait se faire des shampoings à l’huile de friteuse. Elle m’avait tellement gonflé que j’étais revenu avec mon pote Saïd, des Buers, on avait piqué des parpaings et du ciment dans un chantier et on avait monté un mur devant la porte de son bureau. C’était génial, on s’était marrés comme des débiles, on avait emmuré cette conne. Bon, on m’avait viré, ça, fallait pas s’attendre à une reconnaissance de mon sens de l’humour sur ce coup-là.