Un roman de Tayari Jones publié aux éditions Plon
Celestial et Roy viennent de se marier. Elle est à l’aube d’une carrière artistique, il occupe un bon job et rêve de lancer son business. Ils sont jeunes, beaux, l’incarnation du rêve américain… à ceci près que Celestial et Roy sont noirs, dans un État sudiste qui fait peu de cadeaux aux gens comme eux. Un matin, Roy est emmené au poste, accusé d’avoir violé sa voisine de palier. Celestial sait qu’il est innocent, mais la justice s’empresse de le condamner à douze ans de prison. Les hommes comme Roy ont toujours constitué les coupables idéaux.
Les mois passent, la jeune femme tient son rôle d’épouse modèle, subvenant aux besoins de son mari et lui manifestant un amour sans faille, jusqu’au jour où son habit devient trop lourd à porter. Elle trouve alors du réconfort auprès d’André, son ami d’enfance et témoin de mariage. À sa sortie de prison, Roy retourne à Atlanta, décidé à reprendre le fil de la vie qu’on lui a dérobée…
Celestial et Roy sont mariés depuis 18 mois maintenant. Une union pleine de la fougue des débuts.
Mais ils sont noirs dans un état du Sud des Etats-Unis.
Accusé à tort de viol, Roy est incarcéré.
L’attente commence pour celui dont la vie a été brisée en plein élan : adieu la carrière, adieu les projets de bébé, reste l’espoir de sortir et de retrouver sa femme, sa famille, sa vie.
Celestial est libre mais prisonnière également. Sa peine, immense, de voir son mari innocent derrière les barreaux. Sa colère face à cette injustice, aux visites, aux fouilles.
Sa culpabilité de continuer à vivre libre, d’avoir des projets, de se rapprocher d’Andre. Dre, l’ami depuis l’enfance, amoureux depuis toujours de Celestial.
C’est un récit à trois voix, dans lequel le mariage et l’amour sont interrogés.
Tayari Jones se concentre sur ce lien ténu qu’est l’amour ainsi que sur la vie conjugale.
La loyauté est-elle la vertu cardinale d’une vie maritale, peut-on s’interdire d’évoluer, d’être libre quand son époux est derrière les barreaux ?
Cependant, même si le racisme cause l’emprisonnement de Roy, l’arrière-plan sociétal n’apparaît qu’en filigrane.
Cela sera au final pour moi le principal reproche à faire à ce livre. Cette matière qui aurait mérité d’être tellement développée n’est qu’à peine évoquée.
C’est ce qui fait basculer ce roman non pas dans la catégorie « coup de cœur » mais dans celle des lectures agréables, ce qui n’est déjà pas si mal.
Le mariage ressemble beaucoup à une greffe. D’un côté on a la branche à peine coupée, la sève qui sourd, le parfum de printemps, et de l’autre l’arbre dépouillé de son écorce protectrice, creusé et prêt à recevoir le corps étranger. Mon père avait pratiqué cette opération chirurgicale sur un cornouiller dans la partie du jardin située le long de la maison. Il avait attaché une branche à fleurs roses volée dans les bois sur l’arbre à fleurs blanches de ma mère, acheté dans une pépinière. Il avait fallu des mètres de jute et deux ans pour que le greffe prenne. Aujourd’hui encore, après toutes ces années, le cornouiller a quelque chose de pas tout à fait naturel, en dépit de sa splendeur bicolore.