Un roman de Claire Berest publié aux éditions Stock
« À force de vouloir m’abriter en toi, j’ai perdu de vue que c’était toi, l’orage. Que c’est de toi que j’aurais dû vouloir m’abriter. Mais qui a envie de vivre abrité des orages? Et tout ça n’est pas triste, mi amor, parce que rien n’est noir, absolument rien.
Frida parle haut et fort, avec son corps fracassé par un accident de bus et ses manières excessives d’inviter la muerte et la vida dans chacun de ses gestes. Elle jure comme un charretier, boit des trempées de tequila, et elle ne voit pas où est le problème. Elle aime les manifestations politiques, mettre des fleurs dans les cheveux, parler de sexe crûment, et les fêtes à réveiller les squelettes. Et elle peint.
Frida aime par-dessus tout Diego, le peintre le plus célèbre du Mexique, son crapaud insatiable, fatal séducteur, qui couvre les murs de fresques gigantesques. »
Il y a des livres tellement auréolés d’excellentes critiques que l’on devient craintif à l’idée des les ouvrir.
Peur d’être déçue, de ne pas être au diapason de ceux qui ont vibrés tout au long de ces pages.
Crainte infondée, voici un livre qui se dévore.
Un feu ardent tel celui d’un amour improbable. Un amour fou et atypique.
Ce lien qui va unir deux grands peintres mexicains : Diego Riveira et Frida Kahlo.
D’un côté, un homme qui dévore la vie, les femmes, un ogre insatiable. ✨
De l’autre, Frida. Esprit libre, brisée physiquement par un terrible accident de tramway.
Durant la convalescence, elle va commencer la peinture.
Autodidacte, elle ne verra la peinture que comme une échappatoire, une distraction à sa souffrance.
Diego, reconnaîtra son immense talent.
Récit coloré, vibrant de passion et de bohème. Rien n’est tiède dans cette vie là.
Surtout pas leur amour, loin des conventions sociales.
Cet amour si fort, si déchirant également.
Pour ceux qui ne sont pas friands de biographies, ce roman permet de découvrir la vie de cette artiste peintre majeure sans une once d’ennui tout en donnant envie de contempler ses peintures.
Un roman dont le succès n’est pas démérité.
Elle récite son poète préféré – N’étais-je pas seul ? non, voici que m’entoure une troupe. à ma droite les uns, d’autres derrière, puis on me prend les bras, le cou. C’est une foule de plus en plus dense, moi au milieu d’eux les esprits de mes amis vivants ou morts.
Diego reconnaît Walt Whitman et serre l’étreinte, il voudrait lui dire que ce qu’elle raconte est si horrible que c’est très joli, il embrasse le dos, il embrasse les traces.
– Tout est cassé dedans, mais ça ne se voit pas, non ? lui demanda Frida.
Si, ça se voit pense-t-il, ça se voit parce que la force déployée qu’elle met dans chacun de ses mouvements le révèle, parce qu’on n’est pas si obstinée de vivre sans cacher des terreurs, ça se voit, Frida. Alors il dit simplement
– Je te vois, Frida.