Honoré et moi

Un livre de Titiou Lecoq publié aux éditions de L’Iconoclaste

honoré et moi couv

 

« Parce qu’il était fauché, parce qu’il a couru après l’amour et l’argent, parce qu’il finissait toujours par craquer et s’acheter le beau manteau de ses rêves, parce qu’il refusait d’accepter que certains aient une vie facile et pas lui, parce que, avec La Comédie humaine, il a parlé de nous, j’aime passionnément Balzac. »

Tout le monde connaît Balzac, mais bien souvent son nom reste associé aux bancs de l’école. Avec la drôlerie qu’on lui connaît, Titiou Lecoq décape le personnage. Elle en fait un homme d’aujourd’hui, obsédé par l’argent, le succès, l’amour, dans un monde où le paraître l’emporte sur le reste. Sous sa plume, ce géant de la littérature devient plus vivant que jamais.

Titiou Lecoq est féministe, romancière et essayiste. Elle a notamment publié Libérées ! Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale (Fayard, 2017 ; Le Livre de Poche, 2019) et Les Morues (Au diable vauvert, 2011 ; Le Livre de Poche, 2013). Elle collabore à plusieurs médias, dont Slate, et anime un blog, Girls and Geeks.


Bon, en toute honnêteté, j’ai ouvert ce livre à reculons. Malgré mon plaisir à lire Balzac ou des biographies, les deux combinés pour un récit léger me laissait à peu près autant de marbre que tous les récits de développement personnel qui nous inondent en ce moment.

Et bien vous savez quoi ? J’ai eu tort ! Et oui, j’ai dévoré ce livre en un après-midi.

Pourtant c’est vrai que le sujet est un peu casse-gueule : cauchemar de nombreux collégiens et lycéens, Balzac a eu une vie marquée par les mauvais choix et la malchance. Il a écrit pour gagner de l’argent et non pour obéir à une muse impérieuse. Rien de romanesque donc.

Mais Titiou Lecoq réussit à faire de ce livre une biographie intéressante, abordable et très bien menée.

Le gros gros plus est le style de l’écrivaine.

Lire ce roman, c’est comme discuter avec une super copine (très drôle en plus) qui vous expliquerait qu’elle est en train de rédiger une thèse sur cet écrivain. Logiquement, vous lui répondriez que cela doit être ennuyant au possible, sur quoi elle vous expliquerai en quoi vous vous trompez.

Le style est donc désopilant, je ne compte pas les fois où j’ai pouffé de rire tout au long du livre. Et pourtant, cela ne se fait pas au détriment du fond. Bien au contraire, j’en ai appris beaucoup plus sur ce célèbre écrivain qu’avec tous les exposés scolaires que j’ai écouté contrainte et forcée ou auxquels j’ai contribué.

Cerise sur le gâteau ? Derrière tout cela il y a même une réflexion sur l’argent, le besoin et la littérature.

Je vais, grâce à cet essai, relire les romans de Balzac que je possède déjà et m’en procurer d’autres.

En résumé, un livre pertinent et drôlissime à mettre entre toutes les mains.

Ps : J’espère que Titiou Lecoq renouvellera l’expérience !

Ruiné, Balzac l’était au point qu’il écrit, avec cette petite pointe d’autoapitoiement qui le caractérise, « je m’abstiens de sortir pour ne pas user d’habits ».

A un ami, il résume cette triste affaire : « Grâce au dévouement de ma mère et aux bontés de mon père nous avons sauvé l’honneur et le nom aux dépens de ma fortune et de la leur. » Il est vrai que Laure Balzac a payé 45 000 francs pour lui alors qu’elle avait Laurence crever à petit feu. Mais Honoré ne va pas étouffer de reconnaissance envers sa mère. Quinze ans plus tard, en 1845, il met au point une nouvelle version : « Tous mes malheurs sont venus de ma mère ; elle m’a ruiné par calcul et par plaisir. Voilà seize ans que je me débats contre l’horrible situation qu’elle m’a faite ». Malgré tout mon amour pour Honoré, il faut reconnaître qu’il a quand même un sacré culot…Et il en rajoute encore une couche : « Quelle triste chose que de penser que si le monde m’a accumulé obstacle sur obstacle dans la vie, ma famille a fait pis en ne me servant à rien ». Honoré, sérieusement ?

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2 réflexions sur « Honoré et moi »

  1. Bonjour. Surpris par la coïncidence car j’ai publié ma critique sur Honoré et moi cet après-midi. D’accord avec vous c’est un vrai tour de force car on apprend beaucoup sur Balzac tout en s’amusant. Oui il faut relire Balzac car il n’a pas raté son œuvre, ni sa vie car les 2 étaient mêlées. Bonne lecture et bon blog.

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