Le magasin de jouets magique

Un roman d’Angela Carter publié aux éditions Christian Bourgois

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Suite à la mort de ses parents, Mélanie, une jeune adolescente, quitte sa belle maison de campagne avec son frère et sa sœur pour aller vivre dans le petit appartement londonien de son oncle Philip. 

Très vite, ce dernier, monteur de marionnettes, va se muer en personnage immense et effrayant, Barbe-Bleue en son château aux portes closes. 

Récit d’initiation, fable sur la confrontation du mal et de l’innocence, le roman d’Angela Carter est tout cela. Il joue des références littéraires et picturales : Lear, Carroll mais aussi Coleridge, Melville et Poe sont convoqués dans cette histoire profondément mystérieuse et touchante. 


Mélanie, 15 ans, voit son monde s’écrouler lorsque ses parents meurt, la laissant elle, son frère et sa sœur, orphelins.

Finie l’insouciante vie dans la campagne anglaise, dans la belle demeure familiale.

Direction Londres, chez leur oncle, fabricant de jouets, qu’ils ne connaissent pas. Sans un sou en poche.

À l’arrivée à Londres c’est la douche froide. Leur oncle est un tyran, sa femme est muette et les deux frères de cette dernière qui vivent avec eux, sont des êtres étranges d’une saleté repoussante.

Pas de vie sociale trépidante mais plutôt de longues et mornes journées à vendre les jouets dans le magasin familial.

Pour Mélanie qui rêvait d’un prince charmant et d’une vie opulente, les perspectives apparaissent bien sombres.

Sa solitude est renforcée par le fait que sa tante s’accapare sa petite sœur et que son frère se révèle un apprenti talentueux, donc utile, pour son oncle.

La seule échappatoire à la tristesse qui étreint la jeune femme : Finn, le frère de sa tante. Entre les deux va se tisser un lien étrange oscillant entre répulsion et attirance.

Mais le drame couve, comme dans tout conte…

« Le magasin de jouets magique » a sans conteste, des allures de conte avec sa belle jeune femme innocente plongée dans un monde étrange. Avec cet oncle tel l’ogre qui guette les enfants perdus.

Si j’ai refermé ce livre il y a déjà quelques temps, j’y reviens pourtant souvent.

Son atmosphère sombre et baroque, si particulière et si prenante, que ne renierait pas Tim Burton.

Malgré une fin trop rapide à mon goût, j’ai adoré cette lecture qui ne sera pas la dernière de cette autrice.

Je veux rentrer à la maison, geignit-elle avec désespoir, triste comme novembre.

Elle enfouit son visage dans ses mains. Elle sentait son intimité rance et musquée. Lentement, il se redressa et ôta son masque, bien qu’elle ne pût voir son visage car il ne le regardait pas.

– C’est la religieuse qui nous a amenés, raconta-t-il, Francie et moi, avec nos costumes du dimanche tout raides et nos chaussures qui grinçaient. Elle nous a accompagnés de l’orphelinat à la maison. Deux cents têtes dans deux cents petits lits et deux cents cœurs brisés  sous deux cents couvertures des surplus de l’armée,  et les bonnes sœurs pour s’occuper de nous. Elle nous a fait traverser la mer d’Irlande, s’en remettant à Dieu, mais Dieu l’a choisie pour qu’elle pâtisse du temps et elle a rendu tripes et boyaux dans le canal Saint-George, pauvre femme ! Et Francie pleurait parce qu’il avait fermé les yeux de notre mère, puisqu’il n’y avait personne d’autre pour le faire. Et il n’avait que quatorze ans à l’époque, et c’était déjà un prodige au violon, mais il n’arrivait pas à enlever de ses mains la sensation des paupières de maman. Comme des pétales de nénuphar ne cessait-il de dire. Blanches et humides, mais mortes.

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