Le cœur converti

Un roman de Stefan Hertmans publié aux éditions Folio

Par amour pour David, la belle Vigdis renonce à ses privilèges de jeune noble chrétienne et se convertit au judaïsme. Mais en ce début de XIème siècle en France, leur union fait scandale.  

Pour vivre librement, tous deux s’enfuient et trouvent refuge dans un village du Sud. Alors qu’ils se croient saufs, les croisés de plus en plus nombreux sur la route de Jérusalem, sèment mort et destruction dans leur sillage…

Inspirée de faits réels, cette histoire d’amour tragique est aussi un grand roman contemporain : celui d’une femme en exil guidée par l’espoir.  

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Vigdis Adélaïs est une jeune noble chrétienne vivant à Rouen au 11ème siècle. Éduquée pour pouvoir être mariée au meilleur parti.

Pourtant son destin va prendre un tournant inattendu en la personne de David de Todros, fils du grand rabbin de Narbonne.

Leurs regards vont se croiser, faisant fi de la raison, les rencontres vont se multiplier.

Leur amour est impossible, une chrétienne et un juif ne peuvent se marier.

Seule solution pour eux : l’exil, la fuite vers Narbonne, poursuivis par des chevaliers envoyés par le père de la jeune femme.

Ce récit n’est pas une fiction totale mais se base sur de vieux écrits évoquant une prosélyte et les épreuves qu’elle a traversées.

Cette histoire est celle du choix et de la passion. Mais aussi la peinture d’une époque charnière que celle de la première croisade. Sans oublier histoire du cheminement de l’auteur pour suivre les pas de Vigdis.

Trois histoires, toutes marquées à différentes niveaux par l’amour et le chagrin.

Une histoire d’amour entre Vigdis et David malgré tout ce que cela comportait de folie à cette époque. La fuite constante pour échapper aux chevaliers à leurs trousses. Les épreuves qui attendent ce couple alors que l’on sent très vite que pour ce genre d’amour les fins heureuses ne sont pas au rendez-vous. Les morts, les souffrances de Vigdis rendent cette lecture très éprouvante.

Peinture d’une époque où le fanatisme religieux creusera sa marque, durant lesquels les pogroms se multiplieront. La cohabitation entre communautés qui prévalaient tant bien que mal sera balayée. La première croisade qui servira à unir la chrétienté sera le prétexte à d’innombrables exactions.

Récit dans le récit que celui de la quête de l’auteur pour redonner vie à Vigdis, pour combler les vides de son histoire. Pour tenter de l’apercevoir, la toucher malgré les siècles.

Une lecture dure mais passionnante. Néanmoins une question reste sans réponse à la lecture de ces pages : Vigdis a-t-elle regretté sa décision de fuir, envers et contre tout, avec l’homme qu’elle avait choisi ?

A cette occasion, en fin de journée, il se produit ce qu’elle espérait : le jeune homme est de nouveau occupé à parler avec ses amis devant l’école talmudique. Elle se sent haleter d’excitation. Elle approche, n’est plus qu’à quelques pas du petit groupe. Elle doit lever les yeux, il le faut, il le faut. Elle le fait et regarde droit dans ses yeux. Il est encore plus choqué qu’elle, par ce mélange d’hésitation et de franchise dans le regard de la jeune fille. Elle semble vriller ses yeux dans les siens, elle sent que son regard produit sur le garçon un effet douloureux. Quand elle s’en aperçoit, elle éprouve une curieuse volupté qui lui donne une brève impression de puissance, de cruauté, tandis que son cœur s’emballe sous ses beaux habits brodés. Non seulement les autres jeunes hommes se taisent, mais ils voient avec un certain étonnement le jeune David Todros s’interrompre au milieu de son discours, tenter de se ressaisir et cligner des yeux.  Vigdis Adelaïs a déjà disparu au coin de la rue.

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