Une journée d’Ivan Denissovitch

Un roman d’Alexandre Soljenitsyne publié dans la collection Pavillons Poche aux éditions Robert Laffont

Prisonnier depuis huit ans dans un camp de travaux forcés en Asie centrale sous le régime stalinien, Ivan Denissovitch Choukhov, petit homme bon et débrouillard, est un zek, un détenu dans le langage administratif soviétique. Harcelé par ses bourreaux, le froid et la faim, il s’efforce de survivre avec dignité.

Alexandre Soljenitsyne nous plonge dans le quotidien d’une victime des camps de travail, et c’est toute l’horreur de cet univers « hors la vie » qui nous saute au visage. En 1962, avec ce texte inoubliable écrit en deux mois dans une langue vive, truculente et lyrique, Soljenitsyne et le monde du goulag entraient en littérature.


Le goulag, réalité de millions de gens qui inspira à certaines de ses victimes des récits poignants révélant leur tragédie au monde.

Parmi ces noms, celui de Soljenitsine revient souvent, notamment avec ce récit qui comme son nom l’indique relate une journée de la vie d’un détenu, un zek, Ivan Denissovitch.

Ce court roman nous relate du lever au coucher ce qui fait la réalité d’un détenu d’un camp spécial.

Le froid sibérien qui transperce, le repas insignifiant censé vous aider à tenir pour une journée harassante.

La camaraderie au sein d’une brigade, pas celle qui se noue par affinités mais, celle de la nécessité. Celui qui lambine, tire au flanc, pénalisera l’ensemble de sa brigade. Autant dire que chaque détenu fait en sorte de ne pas laisser passer les erreurs des autres.

Ce qui est terrible, c’est l’accoutumance. Cette habitude de l’horreur où finalement chaque petite éclaircie du quotidien est un vrai bonheur : 200 grammes de pain, une rondelle de saucisson en plus. L’humain semble s’habituer à tout, à renoncer à ce qui auparavant pouvait lui apparaître comme essentiel.

La liberté, même, semble devenir une chimère que l’on ne saurait dompter après des années d’obéissance aveugle.

Ce roman ne comprend pas de dénonciation politique en tant que telle mais le récit presque anecdotique de la journée ordinaire d’un détenu est, à lui seul, un manifeste.

Un roman indispensable qui cependant et ce sera là mon seul bémol, m’a moins touché que les récits de la Kolyma que j’ai pu lire de Varlamov.

« Dans les camps, que de fois Choukhov s’était rappelé comme on mangeait, dans le temps, à la campagne : des pommes de terre à pleines poêles, la kacha à même la marmite, et, encore plus avant, avant les kolkhozes, de la viande par tranches entières, et quelles tranches, sans compter le lait, qu’on lampait à se faire péter les boyaux du ventre. Or, dans les camps, Choukhov avait compris que c’était mal agir. On aurait dû manger en y pensant, en pensant seulement à ce qu’on mangeait, comme il faisait, en détachant de touts petits morceaux avec ses dents, en se les promenant sous la langue, et en les suçant avec le dedans des joues, de sorte qu’on ne perde rien de ce bon pain noir humide et qui sentait si bon. Parce que Choukhov, de quoi il s’est nourri pendant huit ans, que voilà même la neuvième année qui commence ? Autant dire de rien. Et, pendant tout ce temps-là, qu’est-ce qu’il n’a pas trimé ! »

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4 réflexions sur « Une journée d’Ivan Denissovitch »

  1. Je suis allée vérifier, mais oui : le titre a été « raccourci » depuis la première édition, mon vieil exemplaire s’intitule « Une journée dans la vie d’Ivan Denissovitch ». Bon cela ne change pas grand-chose, il faudrait que je relise Soljenitsyne, mes lectures remontent à loin, je les ai oubliées mais je sais qu’à l’époque elles m’avaient marquée. Hormis ce titre, il y avait aussi Le pavillon des cancéreux et Le premier cercle…

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