Oblomov

Un livre d’Ivan Gontcharov publié aux éditions Folio

Partisan de la position allongée, Oblomov ne trouve le bonheur que dans le sommeil. Ni son ami Stolz, incarnation de l’énergie et de l’esprit d’entreprise, ni la belle Olga avec qui se nouera l’embryon d’une idylle, ne parviendront à le tirer de sa léthargie. Entreprendre et aimer sont décidément choses trop fatigantes.

Grand roman de mœurs, Oblomov offre une satire mordante des petits fonctionnaires et des barines russes. La première partie du texte constitue un véritable morceau de bravoure, irrésistible de drôlerie, décrivant les multiples tentatives toutes vouées à l’échec d’Oblomov pour sortir de son lit. La profondeur du roman et la puissance du personnage d’Oblomov n’ont pas échappé à des philosophes comme Levinas. L’inertie du héros est moins une abdication que le refus farouche de tout divertissement. L’humour et la poésie sont au service d’une question que Gontcharov laisse ouverte : et si la paresse, après tout, était moins un vice qu’une forme de sagesse ?


Oblomov laisse filer les jours, remettant à demain tous les devoirs qui lui incomberaient : gérer ses terres, trouver un nouveau logement.

Mais ce cher homme se repose et réfléchit puis se repose, encore, pour enfin, ne jamais agir.

Pourtant, ce n’est pas un mauvais homme, il est même plutôt l’inverse : de ceux qui ne voient pas le mal, qui se font dépouiller pour ne pas être embêter.

Cet homme, ce procrastineur dirions-nous aujourd’hui, souffre selon son ami Stolz d’Oblomovtchina : d’une paresse teintée d’irrésolution.

Seul cet ami et une jeune femme Olga, tentent de le réveiller, de le tirer du tombeau dans lequel Oblomov s’enferme.

Ce roman est celui de l’opposition , entre une vie saine, gouvernée par l’action et une vie atrophiée régie uniquement par un soin : la recherche de tranquillité.

Malgré des efforts, des tentatives pour redonner un but à sa vie, le personnage principal souffre d’une apathie développée au cours des années, le conduisant à remettre les choses à plus tard, conduisant ainsi à des désagréments qu’il aurait pu éviter avec un peu d’action.

Si la première partie est légère, c’est, petit à petit, un ton doux-amer qui s’échappe de ce récit. L’envie de secouer Oblomov est irrépressible pendant une grande partie du roman mais au final, ne sommes-nous pas tous comme lui, à certains moments de nos vies, attiré par cette recherche de paix tranquille, de satisfaction calme et qui viendrait à nous sans labeur ?

L’on touche ici à une question philosophique : que faut-il pour bien vivre ? L’issue finale étant la même pour tous, est-il nécessaire de se battre ou ne serait-il pas plus simple de fuir les grandes joies et les grands emportements pour se contenter de ce qui nous échoie ?
Voilà des questions auxquelles vous pouvez réfléchir maintenant…ou demain 😉


« Il n’était pourtant pas effrayé par cette fissure dans le plafond de sa chambre à coucher, il s’y était fait ; il ne lui venait pas à l’idée que l’air de cette chambre, rarement renouvelé, et le fait d’y rester confiné pouvaient nuire à sa santé davantage encore que l’humidité vespérale. Il oubliait aussi que de surcharger son estomac comme il le faisait pouvait égaler une sorte de suicide. L’habitude se montrait plus forte que toute frayeur.

Il avait même perdu le souvenir du mouvement, de la vie, des gens, et de toute agitation en général. »

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2 réflexions sur « Oblomov »

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