Un roman de Maurice Pons publié aux éditions Christian Bourgois

Un jour du seizième mois de l’automne, Siméon arrive dans une vallée perdue où se succèdent inlassablement deux saisons, une de pluie et une de gel bleu, et où seules les lentilles parviennent à germer. En pleine saison pourrie, cet étranger qui se déclare écrivain cherche dès lors à prendre place dans la communauté hors du temps qui vit là, vaille que vaille. Isolé au milieu de ces habitants taciturnes, Siméon devra s’affronter à une hostilité grandissante. Il est le paria, l’autre absolu. Parviendra-t-il à écrire le livre dont il a le projet ?
Publié pour la première fois en 1965, Les saisons a acquis au fil des années une réputation de livre culte réunissant autour de lui une véritable confrérie d’initiés. Ce roman, dont l’humour désespéré et le grotesque n’empêchent pas la poésie la plus lumineuse, est un diamant noir de la littérature française.
Un étranger arrive au village. Un homme un peu simple, pas méchant et plutôt présomptueux. Il rêve de devenir écrivain.
De coucher sur papier, tous les mots qui l’ont étouffé dans le désert de sa précédente vie.
Pour ce faire, il a choisi de se réfugier là où la pluie tombe des mois complets et la glace, des années. Dans ce village, où seules poussent les lentilles que l’on mange à toutes les sauces.
Dans ce village étrange, peuplé de gens frustres avec lesquels le nouvel arrivant, Siméon, va devoir coexister…
Roman fort étrange que celui-ci, empreint d’une atmosphère sombre et malsaine. Un récit teinté d’extraordinaire, à l’exemple de ce climat détraqué.
Ce roman se lit, comme un voyage cauchemardesque, dans lequel le lecteur s’englue, parcouru malgré lui, d’éclats de rires incongrus.
Mais, si on gratte un peu cette surface, l’on retrouve une histoire sur un bouc-émissaire, sur l’incompréhension mutuelle et la xénophobie.
Siméon est à la fois, un homme que l’on plaint car victime de la suspicion immédiate des habitants du village mais il est tellement pédant que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il mérite une partie de son sort.
Au final, ce récit chamboule le lecteur. C’est une expérience complètement atypique et rien que pour cela, je vous invite à découvrir ce roman.
À moins que vous ne l’ayez déjà fait ?
« Sous le ciel uniformément gris, la pluie continuait de tomber, drue, abondante, incessante ; au matin et dans la journée, les gouttes étaient plus fines et plus serrées, c’étaient plutôt des stries ininterrompues, presque silencieuses ; vers le soir, c’étaient des gouttes larges et bruyantes, gonflées d’eau qui éclataient sur le sol et sur les toitures. Siméon ne se lassait pas de regarder tomber cette pluie ; sur la paroi rocheuse qu’il avait devant les yeux et qui constituait à peu de chose son horizon, il suivait, heure par heure, les ravages de l’eau sur le sol ; la terre, changée en boue jaunâtre, glissait lentement entre les rochers ; la montagne se dénudait, se répandait dans le village, et le village baignait dans une mare de boue, chaque heure plus épaisse. Mais Siméon avait connu, en d’autres temps et d’autres lieux, d’autres épreuves et il ne pouvait s’empêcher de considérer la pluie comme un bienfait du ciel à la terre. »