Un livre de Virginie Girod publié aux éditions Tallandier

Née dans les bas-fonds de Byzance, Théodora devint la plus grande impératrice de son temps. Sensuelle et déterminée, rien ne résista à son incroyable ascension.
Courtisane assumant sa sexualité vénale, Théodora s’affranchit des règles que lui fixe une société intraitable. Sa vie change lorsqu’elle rencontre Justinien, qui fait d’elle son épouse et l’impératrice de l’Empire romain d’Orient. Désormais parée de pourpre et de perles, elle est le véritable « Premier ministre » de l’empereur. Elle fait et défait les carrières des hauts fonctionnaires, crée des réseaux d’espionnage et bouleverse les rituels de cour : on la salue, avec la même déférence que l’empereur, elle, femme et ancienne prostituée.
Des destins semblent, parfois, aussi irréels que des contes de fées. Des histoires trop improbables comme celle de Théodora, prostituée puis impératrice de Byzance.
Son histoire commence dans la lie de la société byzantine, fille probable d’une ancienne actrice et d’un dresseur d’ours.
Reprenant à son compte l’ancien métier de sa mère, Théodora monta sur les planches et devint également courtisane.
Grâce à son intelligence et sa beauté, elle réussit à s’attirer les faveurs d’hommes puissants dont un certain Justinien, futur empereur qui n’hésita pas à épouser cette femme à l’honneur souillé, selon les standards de l’époque.
Retracer plus avant son histoire relève d’une gageure car les sources sont très rares et en totale contradiction.
Elle fut une sainte pour certains et pour d’autres une femme démoniaque et vénale.
Entre ces deux eaux, Virginie Girod, dénoue les fils, examine les probabilités, rejette les invraisemblances pour redonner vie et corps à une femme toute en ambivalence.
L’impératrice apparaît comme une femme déterminée, forte et intransigeante mais néanmoins toujours limitée, même dans les plus hautes sphères de l’empire, par sa condition de femme.
L’historienne réussit le délicat exercice consistant à se limiter aux faits reconnus, à recouper les sources pour arriver au plus près de la réalité, à ne pas se laisser déborder par le récit que l’on aimerait pourtant tisser pour combler les vides.
Dans un style clair et précis, sans jamais être obscur pour le profane, Virginie Girod donne une image condensée mais très précise de ce qu’à pu être la vie de l’impératrice et de ses contemporains.
L’historienne m’a emmené à sa suite dans cette Byzance et j’ai hâte de découvrir d’autres de ses écrits.
« Dans l’Antiquité, les prostituées étaient perçues comme des marginales porteuses d’une souillure infamante. Pour les chrétiens, elles étaient salies par un péché véniel. Procope raconte comment les gens évitaient de frôler Théodora lorsqu’elle marchait dans la rue : « Quant à ceux parmi les gens respectables qui la rencontraient sur l’agora, ils se détournaient et s’éloignaient en hâte, de crainte qu’en touchant les vêtements de cette femme, ils ne semblent participer à sa souillure. » Encore une fois, il exagère, mais il est vrai que si les prostituées étaient admises par la société dans des lieux de spectacles, dans les maisons closes ou dans le cadre de soirées privées, les personnes qui se voulaient respectables, et plus encore les femmes que les hommes, évitaient le contact des prostituées notoires dans la rue. Théodora, comme toutes les femmes de sa condition, était méprisable. »