Carthage

Un roman de Joyce Carol Oates publié aux éditions Points

Un soir de juillet à Carthage, Cressida Mayfield disparaît. Ses parents et sa sœur Juliet refusent d’imaginer le pire. Des cheveux et des traces de sang sont retrouvés dans la jeep de Brett, caporal brisé par la guerre en Irak et ex-fiancé de Juliet. Suspect numéro un, il confesse le meurtre. Mensonge ? Cauchemar ? Sept ans plus tard, un étrange personnage pourrait résoudre ce mystère impossible…


La famille Mayfield ressemble à un stéréotype de famille américaine : un père, Zeno, charismatique, ancien maire de la ville, une mère, Arlette, gérant le foyer familial. Et leurs deux filles, l’aînée, la belle et douce Juliet, et la cadette, l’intelligente Cressida pleine d’ironie et de cynisme.

Pourtant un soir de juillet 2005, ce monde si parfait s’écroule : Cressida disparaît.

Et la dernière personne à l’avoir vu vivante n’est autre que Brett Kincaid, ancien fiancé de Juliet, ancien soldat revenu brisé physiquement et mentalement d’Irak.

Ce roman, mon premier de Joyce Carol Oates, fourmille d’angles d’attaque différents.

L’on peut y voir une vibrante dénonciation du système carcéral américain. Mais également une critique de la guerre lancée, par Georges W. Bush, en réponse aux attaques du World Trade Center. Le massacre de civils irakiens en découlant, tout comme la perte de morale des soldats américains.

Mais, surtout, l’on y parle de pardon.

Du pardon accordé aux autres, de cette acceptation du malheur comme un élément divin, que nul ne peut comprendre. De la déflagration que produit ce pardon ne pouvant être accepté par les proches et qui s’apparente, pour eux, à de la lâcheté.

Sans oublier le pardon que l’on s’accorde.

De l’acceptation de ce que l’on est, de notre parfaite imperfection, du chemin que l’on a choisi et des erreurs que l’on a commises.

De ces moments durant lesquels l’on se croit si peu digne d’amour que l’on s’éloigne de ceux qui, pourtant, nous aiment tant…

Si les thématiques sont très intéressantes et bien menées, j’avoue que certains passages du roman m’ont paru trop longs. Un manque d’égalité dans le rythme du récit qui vient ternir un peu cette lecture.

Je pense néanmoins que je lirais d’autres romans de cette écrivaine américaine majeure.


« C’était une leçon cruelle. Le lieutenant voulait qu’ils sachent : l’utilité des prisons, des barreaux. L’utilité de l’incarcération, de la punition. Dresser des êtres humains contre des êtres humains. Pousser des êtres humains à un paroxysme de ressentiment, de fureur. De terreur. Il y avait aussi une haine sexuelle. Il s’agissait de faire sentir aux femmes combien leur sécurité était précaire, combien elles étaient dépendantes d’autres hommes pour leur protection contre ces hommes-bêtes. »

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2 réflexions sur « Carthage »

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