Un roman de Lucy Maud Montgomery publié chez Monsieur Toussaint Louverture

Cheveux désespérément roux, visage constellé de taches de rousseur, Anne Shirley est une petite fille curieuse, pleine d’énergie, souvent perdue dans ses pensées, parfois d’une gravité solennelle, sans aucun doute intemporelle. Difficile de résister à ce petit bout d’humanité de onze ans parfaitement imparfaite, héroïne d’une série de romans qui a su conquérir des millions de lecteurs à travers le monde, Anne de Green Gables, écrit par Lucy Maud Montgomery, et dont le premier tome parut en 1908. Orpheline à l’esprit vif, à l’imagination sans bornes et qui adore employer de « grands mots », Anne se retrouve par erreur chez Marilla et Matthew Cuthbert qui attendaient un garçon pour les aider à la ferme.
Féministe involontaire, romantique impénitente, elle est impulsive, dramatique, maligne, drôle, et telle une authentique naïve, elle va bousculer le calme et la monotonie de la vie à Green Gables, en semant partout joies et rêveries, en dénichant la beauté dans les moindres recoins, en ne s’exprimant qu’en points d’exclamation, même dans « les affres du désespoir ». Parce que l’existence d’Anne a aussi une face sombre, hantée par la mort de ses parents et les abandons, qui lui donne son énergie folle, parfois hallucinée, et qui rend son idéalisme et son indignation si poignants et si convaincants. Si le regard d’Anne transcende le monde sur lequel il se pose, Anne de Green Gables, c’est la transformation magique, presque mystique, que seul l’amour peut opérer sur les hommes et les femmes. C’est l’histoire d’une petite fille qui parvient à se faire aimer de tous (Josie Pye exceptée), et de nous les premiers.
Anne – une frimousse parsemée de taches de rousseurs, la tête couronnée d’une chevelure de feu et dotée d’une langue bien pendue.
Anne, jeune orpheline qui sera confiée, grâce à un heureux malentendu, aux Cuthbert, un frère et une sœur sans conjoint ni enfant.
Anne, avec son imagination débordante et sa non moins débordante capacité à faire des bêtises, va découvrir la joie d’avoir un foyer, celui de Green Gables.
Ce roman est celui de l’innocence et de l’émerveillement. L’on pourrait reprocher un manque d’action mais cela serait juste lié à notre âge.
Car les joies de l’amitié, les tourments des inimitiés, les maîtres bêcheurs ou passionnants, les bêtises, les petits complexes formant les grands tourments de l’enfance : cela a raisonné en chacun de nous.
Avant que le temps ne fasse son œuvre et ne nous donne d’autres sources de tristesse et de soucis.
La poésie et la magie, la beauté et l’émerveillement résonnent à chaque page grâce à des descriptions de toute beauté.
Et si j’aurais souhaité que la dernière partie du roman soit tout autant développée que le début, n’y voyez pas une critique mais, tout au plus, le souhait de rester encore à l’ombre des Pignons verts en compagnie d’une enfant poète et de sa famille.
« Madame Rachel Lynde habitait à l’endroit précis où la route principale d’Avonlea plongeait dans un petit vallon planté d’aulnes et de fuchsias, et traversé d’un ruisseau qui prenait sa source dans les bosquets de la vieille propriété des Cuthbert ; il était connu pour ses méandres impétueux au début de sa course à travers bois, et ses sombres secrets de trous d’eau et de cascades ; mais, une fois arrivé au vallon des Lynde, ce n’était plus qu’un ruisselet paisible et parfaitement discipliné, car même un cours d’eau n’aurait pu passer devant la porte de Madame Rachel Lynde sans égard pour la bienséance et les bonnes manières ; sans doute avait-il conscience qu’elle était là, assise derrière sa fenêtre, l’œil attentif à tout ce qui défilait, enfants et ruisseaux, et que si elle remarquait la moindre chose étrange ou déplacée, elle ne trouverait pas le repos avant d’avoir découvert le pourquoi et le comment. »