Un roman de Laurine Roux publié chez les Editions du sonneur

Alors qu’elle vient d’enterrer sa grand-mère, une jeune fille rencontre Igor. Cet être sauvage et magnétique, presque animal, livre du poisson séché à de vieilles femmes isolées dans la montagne, ultimes témoins d’une guerre qui, cinquante plus tôt, ne laissa aucun homme debout, hormis les « Invisibles », parias d’un monde que traversent les plus curieuses légendes.
Au plus noir du conte, Laurine Roux dit dans ce premier roman le sublime d’une nature souveraine et le merveilleux d’une vie qu’illumine le côtoiement permanent de la mort et de l’amour.
Dans un monde devenu si différent du nôtre, dans lequel le Grand-Oubli est venu soulager la mémoire des survivants après une tragédie innommable.
Une jeune femme tombe amoureuse. Normalité au cœur de l’étrangeté. Car Igor est un homme mais aussi un instinct. Un homme intrinsèquement lié à la nature.
Leur amour va permettre de renouer avec ce passé occulté, va chambouler cette jeune femme mais asseoir aussi autre chose. Une sensation de calme, de continuité, d’apprentissage du présent.
Ce récit est une merveille. Un diamant clair et ciselé, où chaque mot résonne d’une poésie incroyable.
Un conte, un hommage à une nature sauvage et sublime, à la vie et son enchaînement d’amour et de mort, de gaieté et de renoncement.
Ce roman réussit l’équilibre périlleux entre noirceur et espoir, servi par une plume d’une grande beauté.
L’on ressort de ce texte ébloui, relié à quelque chose de plus grand, d’apaisant.
Je n’irais pas plus loin dans ma chronique au risque d’en dire trop mais vraiment c’est un très beau récit, un premier roman de Laurine Roux couronné par le Prix SGDL révélations 2018.
Et vous, qu’en avez-vous pensé ?
« Or, voilà qu’Igor m’a conduite dans la cabane de l’un d’entre eux. Il semble connaître l’endroit. Prend les verres sur l’étagère, met les bûches dans le foyer. Ces gestes de grand-mère me rassurent mais je ne parviens pas à détourner la tête du regard blanc de Tochko. Il s’est assis dans un fauteuil à bascule et semble m’observer depuis le linceul de ses yeux. Il me fait signe d’avancer. Comme cela se passera toujours dans les situations délicates, Igor me rassure en restant absorbé dans des tâches simples. Continuer à s’occuper du feu. Préparer du tcha. Ce calme répand autour de lui un périmètre ouaté dans lequel les battements de mon cœur s’assouplissent, où la peur devient une pâte de plus en plus molle, jusqu’à disparaître. C’est ainsi qu’Igor toujours m’apaisera. C’est ainsi que je m’approche de Tochko. »