Un livre de Kapka Kossabova traduit par Morgane Saysana et publié aux éditions Marchialy

Quand Kapka Kassabova retourne en Bulgarie, son pays natal, pour la première fois depuis vingt-cinq ans, c’est à la frontière avec la Turquie et la Grèce qu’elle se rend. Une zone inaccessible lorsqu’elle était enfant et que la guerre froide battait son plein, un carrefour qui grouillait de militaires et d’espions.
Au gré de son voyage, l’autrice découvre les lieux qui furent dominés par des forces successives, de l’Empire ottoman au régime soviétique, et baignés de mythes et de légendes. Son livre est peuplé de magnifiques portraits de contrebandiers, chasseurs de trésors, botanistes et gardes-frontières, et aussi de migrants.
Lisière est à la fois le récit d’une immersion dans les coulisses de l’Histoire, un regard neuf sur la crise migratoire en Europe et une plongée au coeur de géographies intimes. Il se situe à mi-chemin entre les oeuvres de Ryszard Kapuscinski et de Svetalana Alexievitch.
Kapka Kassabova a fui son pays natal, la Bulgarie, au moment de la chute du communisme.
Résidant en Écosse, elle décide de retourner sur sa terre natale mais pas seulement.
Son voyage va se faire sur un autre concept que celui du « simple » retour au pays.
Elle va se concentrer sur la notion de frontière. Celle qui sépare la Turquie, la Bulgarie et la Grèce. Une frontière marquée par les conflits, mais aussi par une séparation culturelle, entre Orient et Occident. Une frontière qu’enfant, elle n’avait pas l’autorisation de franchir.
Berceau de légendes, de superstitions, de tragédies et de moments de grâce, ces frontières ont été marquées tant par le commerce que la guerre.
Ce voyage est donc, tout autant un retour aux sources qu’une découverte pour elle.
À la rencontre des habitants et des paysages de ces zones charnières dont l’histoire a toujours été tourmentée.
Nous suivons son périple et les exils des différentes communautés, au gré des conflits ayant opposé ces états voisins. Les douleurs ancestrales des descendants d’exilés.
On souffre, comme elle, de voir que malheureusement, d’autres exilés ont suivi mais aujourd’hui en provenance d’autres pays.
Le cheminement de Kapka Kassabova est à la fois, politique, historique, sociologique, religieux et même mystique.
Les traditions, les vies des gens nous sont présentées avec une grande empathie. Traverser la frontière et examiner le point de vue des uns et des autres, parfois amis mais tout aussi souvent ennemis, donne un récit dénué de manichéisme.
L’on réfléchit avec elle sur l’influence de cette zone sur le destin des gens. Sur l’attachement viscérale à ces terres, à ces paysages splendides, rudes ou lumineux comme les habitants.
Ce récit est dense mais passionnant. Cette approche sur une zone méconnue est instructive sans être rébarbative.
Vous l’aurez compris, ce fut une belle découverte pour moi et j’espère vous avoir donné envie de découvrir ce livre.
« L’Est mit un terme à ce cycle infernal en colonisant les deux royaumes, et il fallut partager la terre exquise et les voies navigables entre les nouveaux suzerains. Dans l’empire de l’Est, les nordistes étaient plutôt des gardiens de bétail et des artisans, les sudistes plutôt des commerçants, et pourtant l’entente était cordiale et les différentes corporations se mélangeaient, sauf au sein de leurs Eglises respectives : l’Eglise du Sud essayait constamment de dévorer l’Eglise du Nord, moins puissante, l’instance religieuse étant le principal organe de pouvoir dans ces royaumes assujettis à l’Est. Quand, finalement, l’empire de l’Est, en déclin, fut repoussé avec le concours de l’Ouest et de l’empire du Nord-Est en plein essor, le spectre de la frontière resurgit et le Sud et le Nord recommencèrent à s’étriper. «
Tu confirmes tout le bien que j’entends autour de ce livre. Noté de mon côté depuis un bon moment 🙂
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C’est une lecture que j’ai trouvé à la fois très divertissante et très riche.
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Même chose que Patrice, sauf qu’il est déjà sur mes étagères ! Je le lirai peut-être pour le mois de l’est, si je réussis à le caser entre deux autres lectures, car comme tu le dis, il est dense..
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C’est l’occasion rêvée de le sortir de ta PAL 😉
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