Un roman de Lara Prescott traduit par Christel Gaillard-Paris publié aux éditions Robert Laffont

À l’aube de la guerre froide, Olga, la muse de Boris Pasternak, le plus célèbre écrivain soviétique vivant, est arrêtée à Moscou. L’État sait qu’un roman, Le Docteur Jivago, critique la révolution d’octobre et, cherchant à faire pression sur son auteur, envoie sa maîtresse au goulag. Après trois ans dans un camp, Olga retrouve Pasternak qui, ne pouvant publier son roman dans son pays, le confie à un éditeur italien.
En 1956, à Washington, Irina, Américaine d’origine russe, est embauchée par la CIA, officiellement comme dactylo, mais en vérité pour travailler sur le terrain. La chic et sophistiquée Sally est chargée de la former à l’art de l’espionnage. Sally et Irina vont, dans l’ombre, changer le cours de l’Histoire.
Nos secrets trop bien gardés, le premier roman de Lara Prescott, est inspiré de la véritable tentative de la CIA d’introduire clandestinement le chef-d’œuvre censuré de Pasternak derrière le rideau de fer, une mission fondée sur la conviction qu’un livre a le pouvoir de changer le monde.
Le Docteur Jivago, roman culte qui valut à son auteur Boris Pasternak, le prix Nobel de littérature.
Pourtant, ce livre aurait pu ne jamais passer à l’ouest, censuré par les autorités soviétiques, non publié et oublié.
Pourtant, sa chance vint notamment d’un éditeur italien mais également d’un programme de la CIA finançant les œuvres pouvant servir à la propagande anti- soviétique.
Lara Prescott part de cette base historique, pour combler les blancs en mettant en scène trois femmes. L’une d’elle, Olga Vsevolodovna est la muse de Pasternak. Une maîtresse dans l’ombre de l’épouse officielle, payant le prix fort son amour pour l’écrivain russe.
Sally Forester, est un moineau de l’Agence, une femme usant de ses charmes pour soutirer des informations.
Irina, enfin, débute sa carrière au sein des services secrets, officiellement comme dactylo mais officieusement pour bien d’autres missions.
Ce roman met en lumière un aspect souvent moins étudié de la guerre froide : celui de la propagande. La diffusion en URSS du Docteur Jivago n’étant qu’une manœuvre afin de déstabiliser le régime ennemi. Malheureusement, dans ce genre de combats, malgré l’absence de bombes, les victimes collatérales ne sont que les pièces d’un jeu les dépassant.
Le destin d’Olga apparaît comme poignant. Elle sera condamnée à deux peines de plusieurs années au Goulag, punition liée à ses liens avec Pasternak.
Si j’ai été moins séduite par le destin d’Irina et de Sally, j’avoue avoir néanmoins en appris beaucoup sur le rôle des femmes au sein des services secrets à cette époque avec son cortège de misogynie et de plafond de verre.
C’est un roman agréable, sans longueurs qui donne envie de découvrir le Docteur Jivago.
« En suivant les rails jusqu’à ce qu’ils disparaissent au milieu de toute cette blancheur, nous avons tracé un chemin dans la neige vierge. Personne n’a demandé combien de temps nous devrions marcher, mais c’était pourtant la seule chose à laquelle nous pensions. Deux heures ou deux jours ? Deux semaines ? J’ai essayé de concentrer mon attention sur les traces de pas de la femme qui me précédait et dont je n’ai jamais su le nom. J’essayais de mettre mes pas dans les traces qu’elles laissait derrière elle. J’essayais de ne pas penser à mes orteils ou mes doigts qui avaient commencé à picoter aux extrémités, ni à mon nez qui coulait, les gouttes gelant au creux de la fossette au-dessus de ma lèvre supérieure – cette même fossette que Borya touchait souvent du bout d’un doigt quand il me taquinait. »
Je suis ravie de voir qu’il est sorti en français, je l’avais beaucoup aimé. Passionnée de littérature russe, j’avais trouvé intéressant d’en apprendre un peu plus sur la manière dont le Docteur Jivago a pu être publié à l’ouest. Pareil, j’ai également pas mal appris sur les femmes espionnes et la manière dont elles étaient vues après la guerre. Le coup de coeur n’avait pas été loin.
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C’est vrai que c’est passionnant de lire tout le récit derrière le Docteur Jivago, c’est tellement fou comme histoire. Je vais lire d’ici peu « Légendes de la rue Potapov » de la fille de la muse de Pasternak publié aux éditions des Syrtes
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Oh, je ne connaissais pas du tout. Je vais aller regarder ça de plus près. Merci pour la découverte.
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De rien 🙂
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