Une pièce de théâtre de Maxime Gorki publié chez Folio théâtre

Au petit matin, dans un pauvre garni tenu par un vieux grippe-sou et sa jeune femme, une dizaine de miséreux, hommes et femmes, s’éveillent. Blagues, injures, discours fumeux et plaintes pathétiques se mêlent.
Les personnages sont ces formidables va-nu-pieds qui, depuis plusieurs années déjà, faisaient l’extraordinaire célébrité des récits de Maxime Gorki (1868-1936).
Les Bas-fonds (1902) n’étaient que la deuxième pièce de l’auteur, mais le public, en Russie et dans toute l’Europe, l’attendait comme un événement culturel et politique majeur.
Les propos décousus des personnages tiennent du dialogue philosophique (Que pouvons-nous faire de la vérité, là, maintenant ?), l’humour de Gorki retentit au cœur même de la tragédie, et l’œuvre, qui fut tailladée par la censure du tsar, sonne comme un appel à la révolution et à la liberté.
Un garni occupé par les miséreux, les alcooliques, les sans-papiers de la Russie tsariste. Voici le cadre de cette pièce de Gorki.
Et la vie se déroule entre jeu de cartes et discussions philosophiques. La mort et l’amour, l’incompréhension, le sens de la vie s’invitent autour de ce groupe hétérogène.
Voilà une chronique qui sera fort brève car il est difficile de parler de cette pièce sans en dire trop (d’ailleurs si vous le lisez dans cette édition, lisez la préface mais…à la fin).
Disons que ce livre offre une immersion dans la Russie des bas-fonds, mais surtout une réflexion sur la vérité.
Un mensonge n’est-il pas plus salutaire qu’une sombre vérité ? Doit-on apporter le réconfort à une personne mourante en lui promettant le paradis ou lui expliquer que la mort est la fin de tout ?
Dans cette atmosphère qui bien que sombre, regorge de nombreux traits d’humour, un personnage semble être le seul point lumineux de toute cette pièce, tentant d’apporter le réconfort aux autres personnages qui semblent s’enfoncer dans une inéluctable déchéance.
Voilà une pièce réussie qui m’a permis de découvrir Gorki avant de me plonger dans ses romans.
« La Cendre, sombre
Aie pitié de moi ! Je n’ai pas la vie facile…une vie de chien, pas beaucoup de réjouissances. J’ai l’impression de m’enfoncer dans un marais, j’ai beau me raccrocher à ce que je peux…tout est pourri…rien ne tient debout…Ta sœur…je croyais que…mais non, ce n’est pas ça…Si elle n’était pas si portée sur l’argent, j’aurais été prêt à tout pour elle ! Pourvu qu’elle soit toute à moi… Ce qu’il lui faut, c’est autre chose, il lui faut de l’argent, la bride sur le cou, pour faire les quatre cents coups. Elle ne peut rien pour moi. Tandis que toi, tu es comme un jeune sapin, tu piques, mais tu seras ma planche de salut. »
Très belle introduction pour découvrir Gorki, dont je n’ai à ce jour lu aucun livre…
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