Un livre de Michel Jean publié aux éditions Dépaysage

Au soir de sa vie, grand-mère (kukum, en langue innue) depuis longtemps déjà, Almanda Siméon se retourne sur son passé et nous livre son histoire, celle d’une orpheline québécoise qui tombe amoureuse d’un jeune Amérindien puis partage la vie des Innus de Pekuakami (l’immense lac Saint-Jean), apprenant l’existence nomade et brisant les barrières imposées aux femmes autochtones.
Centré sur le destin singulier d’une femme éprise de liberté, ce roman relate, sur un ton intimiste, la fin du mode de vie traditionnel des peuples nomades du nord-est de l’Amérique et les conséquences, encore actuelles, de la sédentarisation forcée. Son auteur Michel Jean, descendant direct d’Almanda Siméon, est un journaliste reconnu au Québec.
Sait-on d’où l’on vient ? Pour beaucoup d’entre nous cette question connaît une réponse évidente, nous citons nos parents et grands-parents.
Cela est impossible pour la jeune Almanda, orpheline recueillie par un couple à la mort de ses parents.
Mais si elle ignore qui était les siens, elle sait une chose : elle veut joindre son destin à celui de ce jeune chasseur innu, Thomas, dont le chemin croise le sien l’année des 15 ans de la jeune femme.
Elle va suivre son époux et apprendre avec lui et sa famille, la vie des nomades.
Apprendre à survivre en forêt, à vivre dans un clan uni, à respecter le rythme de la vie et le cours du fleuve Pekuakami.
Ce récit est basée sur la vie de l’arrière grand mère de l’auteur. Ce lien avec les personnages du récit, ce respect et cet amour transparaît au long du récit.
Le rythme du roman est d’une lenteur calculée, d’une douceur malgré les épreuves, dans la première partie, à l’image du rythme de la vie des innus, lié à celui des saisons.
Vient ensuite le temps des épreuves, évoquées dans un temps beaucoup rapide, comme si le progrès professé par les hommes blancs changeaient le rythme même de la vie des innus.
Et quel progrès : sédentarité forcée entraînant ennui, perte de repères et son lot de calamités : alcoolisme, violence, suicide. Sans oublier la tragédie de l’enlèvement des enfants, pour les confier à des pensionnats, coupant les liens des plus jeunes avec leurs origines, leurs racines. Les abus dont ils seront victimes comme autant de cicatrices indélébiles dans leurs cœurs.
Un roman qui malgré la tristesse de ce monde perdu, reste empreint de la force d’Almanda qui s’adapte à sa nouvelle vie et ne se résigne pas aux épreuves. Un récit sur un grand amour, malgré les obstacles.
Un très joli roman, justement couronné par le premier prix VLEEL.
Et vous, l’avez-vous lu ?
« Nous nous sommes mis en branle avant l’aube, dans la lumière bleutée de la pleine lune. En plus de son canot, Thomas portait sur son dos un gros sac retenu aux épaules par des lanières de cuir. Mon bagage était lourd et je peinais à marcher. Malek tirait le traîneau rempli de notre trésor de fourrures. Absorbés par notre tâche, nous avancions en silence. Le soleil brillait encore dans le ciel quand nous avons enfin atteint la rivière Péribonka. La glace était toujours prise et nous avons dû attendre quelques jours sur place. Quand le courant l’a emportée dans un grand fracas, nous étions prêts. Les chutes hurlaient derrière nous et le courant nous a vite entraînés. Les canots fendaient les vagues qui venaient se briser sur l’écorce éclaboussant nos visages. Le vent dansait dans nos cheveux et une joie puissante nous habitait. »
J’ai découvert ce roman il y a quelques mois sur le blog de Madame lit qui était comme toi enthousiaste. Il faut que je le commande !
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, tu verras c’est une très belle lecture au succès mérité !
J’aimeAimé par 1 personne