L’adieu à l’île

Un roman de Valentin Raspoutine traduit par Irène Tehèze et publié dans la collection Le siècle rouge de la littérature russe chez Macha Publishing

Matéra, un village insulaire au milieu de la Sibérie, qui a survécu à tant d’épreuves, attend sa disparition programmée : dans quelques mois, les flots du fleuve Angara vont le recouvrir à jamais pour permettre la construction d’un des plus grands barrages du pays. 

Au-delà de l’opposition entre l’industrialisation triomphante soviétique et le monde rural russe, la véritable question posée est la suivante : qu’est-ce que le changement, le progrès pour les uns quand il annonce une mort programmée pour d’autres ? 

La marche du monde moderne est le sujet de ce roman qui, fidèle à la tradition russe, mêle poésie, philosophie et humour. Les femmes, Daria, Sima et Nastasia – les personnages marquants de ce livre –, nous le rappellent : « Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas de vie. » 


Le village de Matéra en Sibérie doit disparaître. Un barrage va le faire sombrer sous les flots. 

Une situation pas si dramatique que ça pour certains, après tout les habitants seront relogés dans de nouveaux logements. 

Mais pour les plus anciens, impossible de laisser la terre et les isbas qui les ont vus naître, les champs et les potagers travaillés.

Ce roman est le premier d’une nouvelle collection lancée par les éditions Macha et consacré aux plumes iconiques de la période soviétique.

Ce premier roman est une vraie réussite.

L’histoire de ces petites vieilles qui doivent dire au revoir à leur village et leur mode de vie, est poignante. 

Car ce n’est pas tant une interrogation sur la fin d’un village que sur la vie, le sens de celle-ci lorsqu’on est vieux, que l’on se sent inutile. 

Le rythme du récit est lent, sans rebondissement tonitruant mais il s’en dégage une sensation de mélancolie face au temps qui passe, sans répit. 

Ce récit rend hommage à la nature sibérienne, victime de la marche vers le progrès, sujet encore tellement actuel.

Une façon d’honorer aussi une vie marquée par les saisons et la nature, en opposition avec la vitesse, la hâte imposées par la vie citadine.

Ce roman, à la lenteur calculée, qui se savoure page après page, est une très belle découverte et je ne peux qu’attendre avec impatience les autres publications de cette collection prometteuse. 


« Est-il rien de plus injuste au monde, que tout (arbre aussi bien qu’un homme) vive jusqu’à devenir inutile, au point que la vie lui pèse comme un fardeau et que de tous les péchés dispensés à la création pour être expiés et pardonnés, celui-là soit le plus insupportable ? Pour l’arbre, passe encore : il tombera, pourrira, retournera à la terre pour l’engrais. Mais l’homme ? Sert-il uniquement à cela, lui aussi ? A quoi bon supporter la vieillesse si elle n’apporte qu’ennuis et tourments ? »

Publicité

2 réflexions sur « L’adieu à l’île »

    1. Ils ont sorti le deuxième titre de la collection tout récemment, c’est un titre d’Alexis Tolstoï et si j’ai tout suivi, c’est de la science-fiction, complètement différent de ce titre-là mais pareil, c’est un concept de collection qui m’intéresse beaucoup.

      J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :