Le pays des autres

Un roman de Leïla Slimani publié aux éditions Folio

« “Ici, c’est comme ça.”
Cette phrase, elle l’entendrait souvent. À cet instant précis, elle comprit qu’elle était une étrangère, une femme, une épouse, un être à la merci des autres. »

En 1944, Mathilde tombe amoureuse d’Amine, un Marocain venu combattre dans l’armée française. Rêvant de quitter son Alsace natale, la jeune femme s’installe avec lui à Meknès pour y fonder une famille. Mais les désillusions s’accumulent : le manque d’argent, le racisme et les humiliations fragilisent leur couple. Dans ce pays ambivalent, qui réclame une indépendance que les hommes refusent pourtant aux femmes, Mathilde réussira-t-elle à poursuivre sa quête de liberté sans heurter ceux qu’elle aime ?


Mathilde, jeune alsacienne, part à la fin de la seconde guerre mondiale pour le Maroc. La terre natale de son mari, Amine, rencontré lors du conflit.

Elle, la jeune femme pleine de désirs, va découvrir une vie bien différente de celle qu’elle espérait. Elle sera confrontée à une nouvelle culture, au poids des traditions, au racisme et à la colonisation. 

Découvrir que son mariage ne sera pas aussi merveilleux qu’elle l’espérait. Car Amine travaille comme un acharné pour faire fructifier sa ferme.

Qu’elle ne doit pas se plaindre, qu’elle doit supporter et endurer. Même les coups, la pauvreté et le désoeuvrement. 

Que ses enfants seront comme elle, tiraillés entre deux mondes et deux traditions. Mais les bouleversements politiques vont aussi impacter la vie de cette famille.

Ce roman, le premier d’une trilogie, est ma première incursion dans l’univers de Leila Slimani. Et ce fut une incursion réussie. 

L’autrice dresse une belle galerie de personnages. Le couple Mathilde-Amine est loin des clichés des romances. Il y a de l’amour entre eux mais celui-ci ne suffit pas à combler le fossé de leurs différences. Une histoire en clair-obscur, irradiante de réalisme.

Les conflits de génération, les velléités d’indépendance qu’elles soient individuelles ou collectives, sans oublier le contexte politique, tout est raconté sans manichéisme. 

Ce qui, à mon sens, fait de ce roman une belle réussite. Le tout servi par une très belle plume. 

Un premier tome qui, je l’espère, sera très vite suivi d’un second. 


« Petite, Mouilala n’avait pas eu le droit d’aller à l’école avec ses frères. Puis Si Kadour, son défunt mari, avait construit la maison de la médina. Il avait fait une concession aux coutumes avec cette fenêtre unique à l’étage aux persiennes toujours fermées dont Mouilala avait défense de s’approcher. La modernité de kadour, qui faisait le baise-main aux françaises et se payait parfois une prostituée juive au Mers, s’arrêtait là où se jouait la réputation de sa femme. Lorsque Amine était enfant, il avait parfois vu sa mère espionner par les interstices les mouvements de la rue et poser son index sur sa bouche pour sceller entre eux un secret. »

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