Un roman d’Honoré de Balzac publié aux éditions Folio

C’est un peu fâchée contre Balzac depuis « la femme de trente ans » que j’ai été intriguée par « Illusions perdues » et sa récente adaptation sur grand écran.
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N’ayant pas eu l’occasion de voir le film, j’ai donc décidé de me plonger dans le roman.
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Autant le dire dès à présent : voilà une bonne décision car ce roman me réconcilie avec Balzac.
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Un court résumé s’impose : Lucien Chardon grandit avec l’âme d’un poète, choyé par une famille pauvre mais aimante, composée de sa mère et de sa sœur, Ève mais aussi d’un frère de cœur : David Séchard.
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Notre jeune homme a réussi à séduire une des reines de la bonne société d’Angoulême : Louise de Bargeton. Celle-ci décide de faire reconnaître le talent de son champion auprès de la bonne société provinciale puis parisienne.
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Et c’est à la capitale que le destin de Lucien va se jouer. Paris, source de toutes les tentations et de tous les vices. C’est là que le jeune homme va sacrifier ce qui lui restait de vertu sur l’autel de son ambition.
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Nous voilà plongés à la suite de notre personnage principal dans le monde de l’édition mais surtout du journalisme. L’analyse de l’essor de la presse, peuplée d’hommes prêts à prêcher tout et son contraire en fonction de leurs intérêts, est absolument fascinante. Tout comme l’étude des amitiés, purement intéressées, des scandales et des mensonges érigés en vérité à force de répétition. Si l’action se passe au dix-neuvième siècle, l’ensemble du roman frappe par sa persistante actualité.
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La recherche d’une gloire rapide, peu soucieuse des moyens employés, trouve un écho dans notre société connectée où tout est permis pour avoir plus d’abonnés ou de likes que le voisin.
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Les personnages dépeints par Balzac sont très réussis et, à l’exception d’un groupe d’hommes, tous sont tout autant victimes que coupables. En premier lieu, Lucien, coupable de sacrifier ses proches et ses convictions sur l’autel de sa vanité mais victime naïve aussi de machinations qu’il pensait deviner et éviter.
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Ce roman se dévore, l’action et l’analyse se succèdent sans temps morts, et malheureusement les personnages les plus honnêtes ne sont pas toujours récompensés. Pour autant, ce roman n’est pas la fin des aventures de notre héros, qui se retrouve dans « Splendeurs et misères des courtisanes » que je vais certainement lire cette année.
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Et vous qu’avez-vous pensé de ces « Illusions perdues » ?
« Le Journal au lieu d’être un sacerdoce est devenu un moyen pour les partis ; de moyen, il s’est fait commerce ; et comme tous les commerces il est sans foi ni loi. Tout journal est, comme le dit Blondet, une boutique où l’on vend au public des paroles de la couleur dont il les veut. S’il existait un journal des bossus, il prouverait soir et matin la beauté, la bonté, la nécessité des bossus. Un journal n’est plus fait pour éclairer, mais pour flatter les opinions. Ainsi, tous les journaux seront dans un temps donné, lâches, hypocrites, infâmes, menteurs, assassins ; ils tueront les idées, les systèmes, les hommes, et fleuriront par cela même. »