Un roman de Vigdis Hjorth traduit par Hélène Hervieu et publié ces Actes sud

Quatre frère et soeurs. Deux chalets. Un secret épouvantable. Lorsque la dispute autour d’un partage d’héritage s’envenime, Bergljot est rattrapée par le maelström familial qu’elle avait fui vingt ans plus tôt. Ses parents ont décidé de laisser les chalets à ses soeurs cadettes, la privant ainsi que son frère de la partie la plus significative de l’héritage. Vu de l’extérieur, c’est une simple histoire d’argent, une question de favoritisme et de jalousie. Mais Bergljot, qui porte un terrible secret depuis son enfance, interprète ce geste d’une tout autre manière : pour elle, c’est une ultime tentative d’occulter la vérité et une insulte suprême aux victimes déjà profondément meurtries.
D’une sincérité impitoyable, Héritage et milieu est une méditation déchirante sur le traumatisme et la mémoire. C’est aussi le récit furieux du combat d’une femme pour survivre et être entendue. Un tour de force littéraire qui a marqué les esprits et divisé une famille, mais aussi tout un pays.
Les questions d’héritages sont un terreau propice aux conflits familiaux…
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Un vieux couple décide de léguer deux chalets à leurs deux plus jeunes filles. Pour les aînés, Bård et Bergljot, c’est le début d’un conflit qui trouve ses origines dans l’enfance des protagonistes.
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Si d’extérieur, leur vie de famille pouvait sembler idyllique, en réalité tout a été plus sordide. Viol, violences physiques, abus psychologiques…
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Tout un passé traumatique qui impacte la vie de la famille. Car, si Bergljot a eu le courage de parler à ses proches, le déni a été la réponse reçue. Une sorte de statu quo silencieux, sans vagues, avec des contacts sporadiques mais la souffrance, intacte, de la victime.
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Ce roman a fait l’objet de très belles chroniques mais j’avoue pour ma part avoir été plus mitigée.
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L’analyse psychologique de Bergljot est incroyablement précise, tout en nuances. Elle oscille entre colère et culpabilité, haine et amour, dans une confusion terrible sur ce qu’elle doit faire, sur comment gérer sa souffrance.
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Le fait que la protagoniste ne soit pas une jeune femme mais, au contraire, une femme d’âge mûr montre bien à quel point de tels crimes impactent les gens, toute une vie durant.
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La narratrice montre la solitude et le doute auxquels sont confrontés Bergljot, comme beaucoup de victimes d’inceste, qui réussissent à parler sans qu’elles ne puissent produire de preuves matérielles, alors que leur parole ne semble jamais suffisante.
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Pourtant, j’ai trouvé le récit très froid, et parfois répétitif, entaché de passages qui m’ont paru très longs.
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Un récit pour moi, en demi-teinte, et pour vous ?
» Je ne savais comment c’était d’être une personne saine, une personne indemne, je n’avais pas d’autre expérience que la mienne. Quand je me réveillais la nuit à cause de mauvais rêves, je me serrais contre Lars, passais le bras droit autour de son dos et essayais de m’approprier ses rêves qui devaient être paisibles. J’essayais d’ouvrir mon esprit à Lars de façon à ce que ses rêves puissent migrer de sa tête à la mienne, j’essayais de les aspirer de son corps endormi mais ça ne marchait pas, il n’y avait aucune ouverture, j’étais enfermée dans moi-même. »