Fata Morgana

Un roman de Chika Unigwe traduit par Marguerite Capelle publié aux éditions Globe


L’offre est brute, directe : C’est 30 000.
30 000 euros pour quitter Lagos et le désespoir qui tue.
30 000 euros pour atteindre l’Europe débordante de richesses.
Une dette à laquelle s’ajoute le loyer qu’il faut rembourser par mensualités en travaillant dix heures par jour dans une rue du quartier chaud d’Anvers. 
Sisi, Ama, Efe et Joyce ont quitté le Nigeria, animées par cette volonté universelle : survivre pour se construire une vie meilleure. En attendant, elles partagent un modeste appartement et rejoignent chaque soir les vitrines du quartier rouge, les yeux rivés sur les promesses de l’Europe.

Mais soudain, le meurtre brutal de Sisi fait voler en éclats la routine et les silences. Et c’est toute leur histoire qui surgit alors des profondeurs de l’humanité.
Dans ce roman haletant et débordant d’une énergie vitale, Chika Unigwe raconte avec verve, grâce et passion la trajectoire de ses héroïnes malmenées par la vie, mais bien décidées à prendre leur avenir en main. Elle livre ainsi un regard rare sur la migration au féminin, le prix du déracinement et la brutalité du rêve occidental.


Fata Morgana : combinaison de plusieurs mirages. Un phénomène comme une promesse. Celle d’une vie plus riche, loin des fantômes et des difficultés de la vie présente. 

Ama, Efe, Joyce et Sisi ont, chacune pour une raison différente, quitté Lagos, la luxuriante capitale nigériane, pour Anvers. 

Pour les vitrines d’Anvers. Elles sont devenues des prostituées. Avec une dette de 30000 euros à débourser, sans compter le loyer, pour rembourser un homme, Dele. Une somme à gagner en s’exhibant, en vendant son corps. En acceptant tout pour quelques euros.

Ce roman est fort, poignant et émouvant. Ces femmes tentent de fuir la violence économique, la violence physique ou sexuelle dont elles ont été victimes. Elles savent pourquoi elles s’embarquent, mais pour autant peut-on vraiment parler d’un choix ? Plutôt d’une tentative désespérée pour trouver une échappatoire.

Leur solitude se trouve réconfortée par leur vie commune, le salon qu’elles partagent, les disputes et les sorties qui tissent des liens forts entre elles.

Difficile de ne pas être bouleversé par la lecture de ce roman. Indigné également. Les pages défilent, sans temps morts, dévoilant le destin de ces femmes, leur passé.

Dans un style riche, où l’argot trouve une place légitime, pas de voyeurisme. Tout est sensible et bien écrit, avec une grande empathie pour ces femmes…dont le destin, n’est, malheureusement, pas qu’une fiction pour beaucoup.

Un coup de cœur que je vous conseille !


« Elle avait passé et obtenu son certificat de fin d’études deux ans plus tôt, mais avait échoué par deux fois à obtenir un score suffisant à l’examen du JAMB pour décrocher une place dans l’université de son choix. Si elle avait eu de quoi payer quelqu’un pour le passer à sa place, elle aurait été admise. Tout le monde faisait ça. Elle connaissait des gens qui méritaient moins qu’elle d’aller à l’université, et qui avaient acheté les sujets d’examen à des fonctionnaires corrompus pour le préparer à la maison, ou bien avaient payé d’autres personnes pour le passer pour eux. »

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