Un roman de Yamen Manai publié aux éditions Elyzad

Je revenais du collège quand j’ai rencontré Bella. Une après-midi de novembre, morose. Un garçon triste, chétif, une tête-à-claques, la tête baissée, la peur qui habite ses tripes, et parfois, l’envie d’en finir. On n’imagine pas ce que ressent un enfant quand il faut qu’il se fasse encore plus petit qu’il n’est, quand il n’a pas droit a` l’erreur, quand chaque faux pas prend un air de fin du monde. Mais en l’entendant, ce jour-là, j’ai redressé le menton.
Yamen Manai nous conte avec fougue le cruel éveil au monde d’un adolescent révolté par les injustices. Heureusement, il a Bella. Entre eux, un amour inconditionnel et l’expérience du mépris dans cette société qui honnit les faibles jusqu’aux chiens qu’on abat « pour que la rage ne se propage pas dans le peuple ».
Mais la rage est déjà là.
Un monologue comme un long cri, jeté à la face du lecteur.
Celle d’un jeune tunisien, arrêté pour un crime et qui s’exprime face à son avocat et au médecin chargé de l’examiner.
Un monologue pour expliquer la violence et la solitude, le trou qui se creuse dans le cœur dès les plus jeunes années.
La seule lumière de cette existence faite de violence et de silence : l’amour de Bella.
L’amour qui réchauffe et qui donne un sens, qui façonne et permet de vivre, responsable d’un autre qui nous devient plus précieux que la vie.
Mais la fin est déjà écrite et malheureusement, le happy end n’est pas au programme…
Énorme coup de cœur pour ce bref roman. J’avais beaucoup aimé « Le cœur ardent » de cet auteur, autant dire que j’attendais ce nouveau roman avec impatience et je n’ai pas été déçue.
Dans un style puissant, tout en dureté là où « le cœur ardent » était en rondeur. Les deux romans dénoncent, cependant, la même chose : le vol par les élites des rêves du peuple mais aussi la pauvreté et l’absence d’espoir.
C’est à Tunis, ça pourrait être la France. Les rêves brisés n’ont pas de frontières.
C’est magnifique et émouvant. Fort et intemporel.
Lisez-le !!
» Dans le quartier, je n’étais pas le seul gamin à me prendre des baffes. Sous mes yeux, les profs en ont humiliés et tapé des centaines. gifles, coups de bâton, coups de pied, mots qui cognent, phrases qui blessent. tous, du primaire au lycée, et les exceptions, je vous le jure, je les compte sur les doigts d’une main. Vous savez, les profs ne tombent pas du ciel, ils ne sont pas déposés à nos portes par des cigognes, c’est une production locale, marquée comme tout le monde par le sceau de la violence. »
Après avoir lu une telle chronique, je ne peux que le lire :-). Il est déjà dans ma bibliothèque !
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Je suis certaine qu’il te plaira 🙂 un texte court, percutant, plein de colère qui reste dans la tête du lecteur
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