Un roman d’Osvalds Zebras traduit par Nicolas Auzanneau et publié aux éditions Agullo

Riga, 1906. À la veille de Noël, trois jeunes enfants sont enlevés. L’inspecteur Davuss y voit une occasion de débusquer les derniers « anarchistes » qui se cachent encore parmi la population. Pour lui, il n’y a pas un Letton qui ne soit mouillé de près ou de loin dans le vaste mouvement insurrectionnel de l’année 1905. Son adjoint bas du front y voit, lui, un complot des Juifs, ces « buveurs de sang qu’il faut bouter hors du pays ».
Les choses sont peut-être plus complexes… La révolution est une force dévastatrice qui dresse voisins et familles les uns contre les autres et transforme parfois les victimes en bourreaux. Noël n’est- il pas le temps de racheter ses fautes ?
Dans ce roman bouleversant, Osvalds Zebris mêle avec une grande intelligence le récit d’une période charnière dans l’éveil de la nation lettone et le trajet d’un homme en quête de rédemption.
Année 1906 – en Lettonie. Noël est bientôt là et trois enfants disparaissent, enlevés par un homme.
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Le responsable de cet enlèvement, Rudolf – quelle ironie – s’isole avec eux dans un hôtel. Et rédige. Tout ce qui l’a mené à cet acte, synonyme pour lui de rédemption.
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L’inspecteur Davuss, en charge de l’enquête, n’est que peu préoccupé par la disparition des enfants. Ce mystère est, pour lui, une façon d’enquêter sur les parents des disparus, qu’il soupçonne d’accointance avec les anarchistes responsables de meurtres de policiers.
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Son adjoint est, quant à lui, persuadé qu’il s’agit de meurtres rituels juifs.
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Au final, cette enquête n’est qu’un point de départ. Mis à part les parents, tous les protagonistes se moquent du destin de ces enfants. Comme si le futur n’était pas si important.
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Ce récit se déroule pendant une période très trouble pour la Lettonie : la révolution russe de 1905 a vu l’émergence d’une conscience nationale lettone, mais mena également à des violences contre les nobles. La répression par les forces russes tsaristes fut sanglante.
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Ce récit offre une plongée très intéressante dans une période passionnante d’un pays peu connu, la Lettonie. Il interroge sur les responsabilités individuelles dans des situations de révoltes, des choix de chacun et de la culpabilité qui en résulte.
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La quête de rédemption du kidnappeur d’enfants semble ainsi fallacieuse, certains actes étant impardonnables.
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Le climat ambiant, fait de peur et d’incertitudes, de préjugés et d’ignorance, est très bien retranscrit dans un récit riche qui donne matière à réflexion.
» Et c’est alors que Maman se met à chanter – d’abord un fredonnement sourd comparable à celui des abeilles dans la forêt, puis tout doucement, les premiers mots sortant de sa bouche vermeil se distinguent les uns des autres, elle sourit, libérant toutes ses forces, les mots crépitent et filet comme les eaux de l’ogre, le vent soulève ses couplets au-delà de la colline, au-delà de la rivière, au-delà de la colline, au-delà de la propriété de la Butte-aux-Coqs, au-delà du bois de pin, et même encore au-delà de l’au-delà. Je suis au monde la seule créature sur terre à avoir eu pour moule les berceuses de Maman. »
Un roman qui m’a davantage intéressée pour le portrait qu’il fait d’une région à une époque, que pour les personnages ou l’intrigue, qui ne m’ont pas particulièrement marqués!
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Oui, j’ai eu l’impression que l’enquête n’est vraiment qu’un prétexte pour évoquer le contexte letton de cette époque mais cela ne m’a pas dérangé tant que ça.
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