Un roman d’Arielle Sibony publié aux éditions Michalon

Aurore se refuse à être témoin de l’inexorable déclin de sa sœur, atteinte d’une sclérose en plaques. Elle fuit – dans la danse, dans l’ivresse des rencontres d’une nuit, dans les souvenirs qui ont forgé les manques de leur famille, quand sa sœur tente d’apprivoiser la mort en goûtant aux bonheurs que la vie peut encore lui offrir.
En écho aux lettres meurtries de la première, abîmée dans sa chair, résonnent les écrits lucides et lumineux de la seconde, prisonnière de son corps, dans un dos-à-dos épistolaire qui vient explorer la mystérieuse géographie du lien entre deux sœurs.
Deux corps se font face.
Celui d’Aurore qui dompte ses fantômes par la danse, la souffrance acceptée et apprivoisée, le poids contrôlé.
Et celui de sa sœur, pleine de vie, clouée dans un fauteuil roulant par la sclérose en plaques.
Deux façons de vivre. Chacune prisonnière d’une façon différente de son corps.
Chacune décide de coucher sur le papier son ressenti, ses émotions.
Une façon, pour l’une, de régler les comptes entre un père absent et une mère malade. Et surtout pour dire l’admiration pour une grande sœur : son modèle, son ancre, si proche et pourtant si inconnue.
Une façon, pour l’autre, d’affronter l’avenir, l’après dont elle sera absente. Son enfant qu’elle ne verra pas grandir. Et en attendant, supporter la sollicitude oppressante des proches, gérer sa volonté de vivre mais son souhait aussi d’en finir de cette vie qui n’en est plus une.
Un face-à-face servi par une plume magnifique. Une plongée dans les pensées intimes de deux sœurs. Un examen de conscience, tel le ressac de la mer, qui dit l’impossibilité de comprendre les êtres aimés.
Un très beau premier roman, tout en introspection et d’une grande sensibilité.
« Non, moi je voudrais vivre mes derniers instants là où je me sens vraiment vivre, où je sens le temps qui passe, lentement, presque péniblement, mais où je le ressens vraiment. Je serais à la maison, rien de neuf, rien de nouveau, rien de spécialement beau, juste la vie ordinaire qui se termine. Car lorsqu’on s’envole vers d’autres cieux, on rêve éveillé, on se perd dans l’irréalité de l’espace-temps et on ne sait plus qui l’on est, si l’on est ici ou si l’on est resté là-bas. Ce que je sais, c’est que je n’aurais envie de rien, et surtout pas de voir ailleurs, le trop vaste, le trop grand, le trop pénétrant, ce trop-plein de promesses qui m’auraient tuée de regrets avant même mon heure arrivée. »
Ta chronique retranscrit à merveille la sensibilité qui semble se dégager du roman.
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Merci 🥰 c’est un très beau roman qui réussira, je l’espère, à trouver plein de lecteurs
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