Journal (1867)

Un livre d’Anna Dostoïevski traduit par Jean-Claude Lanne et publié aux éditions des Syrtes


Le Journal constitue, par sa constante véracité, un document unique sur la vie d’un couple. Torturé, malade, inquiet, puéril dans ses entêtements, haïssable dans ses mesquineries, Dostoïevski est là, extraordinairementvivant et proche. À travers cette bouleversante confidence àsoi-même il apparaît plus simple, plus vrai, à la fois pitoyable et fascinant.

Témoin chaleureux, toujours discret, jamais dupe, Anna Grigorievna renouvelle le genre impossible du journal intime avec un grand homme de mari à la clef. Ce n’est pas la moindre surprise qu’apporte le Journal: la très jeune secrétaire est, elle aussi, un écrivain.


Un génie est-il un homme comme un autre ?

On peut avoir écrit des chefs-d’œuvre comme « Crime et châtiment » ou « Les frères Karamazov » et pour autant, ne pas être génial au quotidien.

S’offusquer d’une lettre d’une belle-mère qui est envoyée non affranchie, et pour laquelle on va devoir payer le prix du timbre, alors que ladite belle-mère nous envoie régulièrement de l’argent. Et ceci n’est qu’un exemple…

Bienvenue dans une année de la vie du couple Dostoïevski.

La seconde femme de l’auteur, Anna Grigorievna, était sténographe et, par ce biais, a rencontré l’écrivain russe. La relation de travail a évolué et les deux ont convolé en justes noces. 

La jeune femme, enceinte, va tenir un journal intime alors que le couple est en Suisse, pour leur première année de vie à deux. 

Voilà un quotidien qui n’a rien de romanesque. Anna Grigorievna doit jongler entre l’argent qui manque, les crises d’épilepsie de son mari et son caractère plutôt compliqué, sans oublier son addiction à la roulette qui conduit Dostoïevski à jouer, et perdre, le peu d’argent qu’ils ont.

Ce journal offre une vision intime de cet auteur que j’adore. Les disputes, les journées rythmées par la recherche du meilleur prêteur sur gages, l’attente des courriers des proches restés en Russie…

Et même si Dostoïevski n’apparaît clairement pas comme le mari idéal, l’amour entre les deux époux donne un livre tendre, un livre que l’on lit le sourire aux lèvres. On aimerait pouvoir leur dire à quel point les écrits de l’auteur sont des indispensables aujourd’hui, des monuments de la littérature mondiale. 

Un journal très intéressant qui permet de découvrir Dostoïevski sous un autre jour. 


« Par la même occasion, il m’a rapporté de la poste une lettre de Maman ; il n’a pu s’empêcher de me faire remarquer que cette lettre n’était pas affranchie et qu’il avait dû payer encore un franc. Comme c’est mesquin, vraiment ! Il ne comprend pas du tout ce que Maman fait pour nous, et les tracas qu’elle se donne ; tout cela n’a, pour lui, aucun prix ; en revanche, un malheureux petit franc, voilà qui est important, voilà qui a de la valeur ! « J’ai dû payer pour la lettre. » Quelle bassesse, quelle avarice sordide ! Si encore ce franc-là avait été notre dernier ! »

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2 réflexions sur « Journal (1867) »

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