Terremer

L’intégrale de Ursula K. Le Guin publié chez Robert Laffont

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Note : 17/20

Ici il y a des dragons.
Et là où il y a des dragons, il y a des enchanteurs, une mer immense, et des îles.
Mais le monde de Terremer n’est pas un univers conventionnel de fantaisie. Il n’appartient ni à notre passé ni à notre avenir. Il est ailleurs. C’est un univers où la magie fonctionne et s’enseigne comme la science et la technologie dans le notre. 


Terremer contient trois livres: Le sorcier de Terremer raconte l’initiation de Ged en l’île de Roke, comment il devient un sorcier convenable capable de commander les éléments et d’affronter les dragons, et aussi comment son audace faillit le perdre.
Les tombeaux d’Atuan évoquent a terrible histoire de la petite fille, Tenar, choisie pour devenir la Grande Prêtresse des Tombeaux, qui haïra Ged et finira par combattre avec lui l’emprise des Innommables. 
Et enfin L’Ultime Rivage, où le pouvoir des sorciers sera soumis à celui du temps, le grand rongeur.


Lorsque j’étais adolescente, je lisais beaucoup de fantasy et je m’étais procurée ce livre au vu des excellentes critiques dont il faisait (et fait encore) l’objet. Cependant j’étais passée complètement à côté de ma lecture, en gros je m’étais ennuyée et pour tout vous dire je suis incapable de vous dire si je l’avais terminé à l’époque.

Terremer reposait donc, intouché, dans ma bibliothèque et entre le décès de l’auteure survenu en début d’année 2018 et le challenge deuxième chance organisé sur Livraddict et auquel je me participe, je me suis dit qu’il fallait que je tente une nouvelle lecture.

Bien m’en a pris, j’ai vraiment aimé cette fois !

En fait, j’ai compris pourquoi je n’avais pas apprécié ce livre plus jeune, il s’agit d’un roman de fantasy qui se savoure, les pages ne défilent pas à un rythme effréné et je ne me suis pas couchée à point d’heure pour savoir ce qu’il allait se passer dans le chapitre suivant (et le suivant, puis le suivant et encore un dernier…). Le style de l’auteur ne se prête pas, à mon sens, à cette lecture compulsive, il est dense et fourni sans pour autant être ennuyeux ou pompeux.

Pas de grandes batailles opposant orcs et elfes mais plutôt une magie qui réside dans le pouvoir des mots. Il y a bien des dragons mais ils ne sont pas au centre du récit, contrairement aux personnages. Il y a en premier lieu Ged, un grand mage, que nous suivons dans « Le sorcier de Terremer » lors de son apprentissage et que nous retrouverons dans les 2 autres récits mais davantage en retrait par rapport à Tenar et Arren. Il s’agit à chaque fois d’un parcours initiatique qui s’ouvre pour nos héros mais rien n’est facile et les victoires restent douces-amères.

Des trois récits, celui qui m’a touché davantage est le deuxième « Les Tombeaux d’Atuan » notamment à travers son héroïne, la jeune Tenar, prisonnière d’une tradition la voyant comme une prêtresse réincarnée, et qui malgré toute son éducation (conditionnement ? ) réussit à s’interroger et à remettre en cause ce qu’on lui présente comme acquis.

C’est pour moi une belle (re)découverte et je ne peux que vous conseiller de lire ou de relire ce classique de la fantasy.

– « Quand le temps sera venu », dit la femme, « je la laisserai partir. » Elle se pencha pour accueillir l’enfant, qui arrivait en courant sur ses petits pieds blancs et nus sur le sol boueux, et la prit dans ses bras. Se retournant pour entrer dans la cabane, elle inclina la tête pour baiser les cheveux noirs de l’enfant ; mais ses cheveux à elle, dans la lueur vacillante de l’âtre, étaient blonds.

L’homme resta dehors, pieds nus sur la terre froide, tandis que le ciel clair du printemps s’assombrissait au-dessus de lui. Dans le crépuscule, son visage était un masque de douleur, une douleur confuse et pesante, mêlée de colère, qu’il ne pourrait jamais exprimer par des mots. Finalement, il haussa les épaules et suivit sa femme dans la pièce éclairée par le feu et résonnante de voix d’enfants.

2 réflexions sur « Terremer »

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