Comédies françaises

Un roman d’Eric Reinhardt publié aux éditions Gallimard

Fasciné par les arcanes du réel, Dimitri, jeune reporter de vingt-sept ans, mène sa vie comme ses missions : en permanence à la recherche de rencontres et d’instants qu’il voudrait décisifs.

Un jour, il se lance dans une enquête sur la naissance d’Internet, intrigué qu’un ingénieur français, inventeur du système de transmission de données qui est à la base de la révolution numérique, ait été brusquement interrompu dans ses recherches par les pouvoirs publics en 1974.

Les investigations de Dimitri l’orientent rapidement vers un puissant industriel dont le brillant et sarcastique portrait qu’il en fait met au jour « une certaine France » et le pouvoir des lobbies.


Savez-vous comment a été créé Internet ? Cet outil de communication devenu aussi indispensable dans nos vies que l’oxygène. Une invention américaine me répondrez-vous sûrement.

En fait, oui et non. Car la France a eu dans les années 70 une avancée technologique dans ce domaine, grâce notamment à Louis Pouzin. Sans l’intervention d’un lobby, cet homme aurait pu mener ses recherches à son terme et doter la France de cet outil de communication révolutionnaire, damant le pion à la science américaine.

C’est justement ce qui intéresse Dimitri. L’étude de ce raté politique français. Ce jeune homme de 26 ans va étudier l’enchevêtrement des décisions menant à ce fiasco technologique, qui conduira à investir sur le Minitel plutôt que sur Internet.

Voilà le pitch de départ. Voilà un roman alléchant au possible. Malheureusement ma lecture fut très laborieuse.

Enfin, la première moitié. Pour tout dire, j’ai failli abandonné le roman tant j’avais l’impression de lire autre chose que ce que la quatrième de couverture me promettait.

Dimitri, avec son obsession pour les sens, les femmes mystérieuses et les coïncidences m’a terriblement ennuyé au départ. Tout comme le style que je trouvais forcé, manquant de spontanéité. Je ne comprenais pas le lien avec le sujet du roman.

Et puis, enfin, arrive le vif du sujet, à la moitié du roman et là, tout est allé bien mieux. Mélange des styles, narration très intéressante d’un fiasco stratégique au profit des intérêts d’une famille. Une pointe d’étrange, un malaise qui se crée pour couronner le tout.

J’en ressors un peu embêtée du coup, je me dis que je n’ai probablement pas compris le propos ou le style de l’auteur à leur juste valeur.

Dimitri avait beaucoup réfléchi à la question et il pensait ceci : c’est toujours quand les doigts éclipsent la main par leur vie propre et singulière que la main est visible et qu’elle est perçue comme belle – autrement on ne la voit pas, la main en tant que telle n’existe pas d’un point de vue esthétique, il s’agit toujours des doigts et surtout de ce qui circule entre eux de musical, toujours. Le rapport harmonique entre les doigts, la posture différenciée, la courbure spécifique et suspendue et comme pensive et subtilement évolutive de chaque doigts vis-à-vis de ce que font les quatre autres, voilà ce qui détermine la beauté – ou pas – d’une main. Quand une main est belle de cette manière, c’est aussi indéniable que si elle était mouillée : la main ruisselle de grâce, ruisselle d’elle-même, de sensorialité. D’inexplicabilité.

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