Poussière

Un roman de Rosamond Lehmann publié aux éditions Libretto

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A 18 ans, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Judith Earle, une jeune fille de bonne famille du Sud de l’angleterre, regagne la grande maison familiale au bord de l’eau. Elle vient de terminer ses études à Cambridge.
Elle assiste au retour de ses voisins, les cousins Fyfe, qu’elle a idolâtrés tout au long de son enfance solitaire.


Dans une mosaïque faisant alterner passé et présent, Judith se souvient de leurs jeux, et des fantasmes induits par ces jeunes garçons qui revêtaient pour elle un caractère quasi mythique tant ils étaient beaux, socialement doués, à l’aise en toutes circonstances……
tous ont grandi, et elle revoit chacun identique et différent de l’enfant qu’il fut. Mais la magie de l’enfance n’est pas déjà devenue poussière ?


Judith Earle grandit, enfant solitaire dans sa belle demeure anglaise.

Ses compagnons de jeu sont 4 cousins, Julien, Roddy, Martin et Mariella qui viennent passer des vacances dans la maison voisine appartenant à leur grand-mère.

Judith se fait l’observatrice privilégiée de ses jeunes gens, leur compagne de jeu, l’admiratrice, l’amoureuse. Elle les comprendra comme personne et saura se faire apprécier de chacun.

Les années passent et ses lointains jeux d’enfant ne sont plus que des souvenirs vivaces dans son esprit lorsqu’elle apprend que les cousins vont être de retour dans leur demeure estivale. Que restera-t-il de ces amitiés enfantines ?

Poussière est un roman doux-amer sur la fin des illusions, des rêveries adolescentes qui se confrontent aux réalités de la vie, forcément décevantes.

La jeune Judith, enfant sérieuse et cérébrale à l’imagination débordante, va peu à peu s’émanciper passant d’une nécessité d’adorer, d’une dépendance aux êtres aimés à une maturité, à la compréhension ultime de ce qu’est le bonheur.

Tous les personnages se débattent dans les affres de la vie, donnant au final l’impression que tout est trop compliqué, qu’aucun ne sait ce qu’il veut ou en tous les cas qu’il ne pourra pas l’obtenir.

Difficile de terminer cette chronique sans évoquer la plume magnifique de l’autrice qui peint un tableau clair-obscur avec son vocabulaire si précieux et particulier.

Une lecture qui a su me convaincre à des moments mais qui, à mon sens, en faisait parfois un peu trop, pour me satisfaire totalement.

Quand elle parvint au bas de son jardin, elle se hissa, épuisée, sur la berge : la lune y donnait en plein. Elle se laissa tomber sur le gazon ; autour d’elle, pas une ombre ne bougeait. Les lignes de son corps, transfiguré par la clarté lunaire, étaient d’une si mystérieuse pureté qu’il apparaissait fabriqué non de chair, mais de lumière. Elle pensa :  » Même s’ils m’avaient vue, ils ne m’auraient pas prise pour un être réel. », Martin aurait été surpris, sinon choqué ; il se serait détourné poliment. Julien l’aurait appréciée du point de vue critique, avec intérêt. Et Roddy ? Ah ! Roddy ! Il était si perdu dans le passé qu’elle ne pouvait pas savoir. Mais si cet être obscur et singulier, semblable de visage à Roddy, et depuis des années nourri par elle avec tendresse dans cette partie de l’âme qui perçoit sans yeux et connaît  sans raison, si cet être l’avait vue, il l’aurait tout d’abord regardée de tout près ; puis il se serait dérobé au charme et au trouble de son émoi, et il serait allé la considérer de plus loin, en silence.

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