Né d’aucune femme

Un roman de Franck Bouysse publié chez le Livre de Poche

« Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile.
— Et alors, qu’y-a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandai-je.
— Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés.
— De quoi parlez-vous ?
— Les cahiers… Ceux de Rose. »

Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin.
Franck Bouysse, lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec ‘Né d’aucune femme’ la plus vibrante de ses œuvres.
Ce roman sensible et poignant confirme son immense talent à conter les failles et les grandeurs de l’âme humaine.


Rose. Une enfant de quatorze ans, vendue contre quelques piécettes. Vendue. Par son père, pour tenter de pallier la misère les frappant, lui, sa femme et leurs quatre filles.

Vendue à un homme et sa mère pour devenir esclave. Prisonnière d’un destin toujours cruel pour les plus faibles.

Roman noir, conte sur la condition des femmes et la faiblesse humaine, « Né d’aucune femme » ne peut laisser indifférent.

Les mots simples de Rose percutent en pleine face le lecteur, l’obligeant à ressentir dans ses tripes les abominations subies par la jeune fille.

L’on y retrouve tout ce qui fait la tradition des contes : l’enfant, innocente et pure, l’ogre et la sorcière. Mais le parallèle s’arrête là. L’enfant ne s’en sortira pas. Le prince charmant est un lâche. L’ogre et la sorcière sont plus forts qu’il n’y paraît.

Ce roman chamboule, et souvent trop. Je me suis retrouvée, poussée dans mes retranchements, à devoir me forcer pour continuer cette lecture, dont l’horreur semblait poussée à son paroxysme sans que j’arrive à saisir ce que recherchait l’auteur.

Sa plume lourde et d’une grande noirceur renforçant, tout au long des pages, cette sensation d’écœurement.

Pourtant, j’ai persévéré et j’aurais pu finir sur un avis mitigé. Mais que dire de la fin qui a fini de tout gâcher ? J’en suis restée comme deux ronds de flan à essayer de comprendre d’où sortait ce dénouement…

Au final, même si je comprends pourquoi ce roman a tant plu par son style et son histoire atypique, j’en ressors clairement déçue.


« Rien n’y faisait, pas plus que les efforts consentis que la puanteur de la soue qu’il avait entrepris de curer, afin d’y mettre la portée de quatre porcelets à sevrer. Le remords était de sang et cognait à ses tempes, comme de grands coups de bec frappés au revers de son crâne. Cette misère qu’il avait cru combler un peu, grâce au contenu d’une bourse que personne n’avait encore déliée, ni même touchée, n’était rien au regard de ce remords qui le jugeait chaque instant pour avoir commis l’irréparable. Ainsi, elle se déployait inlassablement depuis le jour où il avait reçu l’argent maudit ; une humaine misère celle-là, rien plus qu’humaine. »

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