Décadence de Michel Onfray (Flammarion)

décadence couv

 

Michel Onfray, auteur prolifique (plus de quatre-vingts livres à son actif) nous propose avec Décadence de s’interroger sur la vie et la mort du judéo-christianisme… tout un programme !

Chacun connaît les pyramides égyptiennes, les temples grecs, le forum romain et convient que ces traces de civilisations mortes prouvent… que les civilisations meurent – donc qu’elles sont mortelles! Notre civilisation judéo-chrétienne vieille de deux mille ans n’échappe pas à cette loi. Du concept de Jésus, annoncé dans l’Ancien Testament et progressivement nourri d’images par des siècles d’art chrétien, à Ben Laden qui déclare la guerre à mort à notre Occident épuisé, c’est la fresque épique de notre civilisation que je propose ici. On y trouve : des moines fous du désert, des empereurs chrétiens sanguinaires, des musulmans construisant leur « paradis à l’ombre des épées », de grands inquisiteurs, des sorcières chevauchant des balais, des procès d’animaux, des Indiens à plumes avec Montaigne dans les rues de Bordeaux, la résurrection de Lucrèce, un curé athée qui annonce la mort de Dieu, une révolution jacobine qui tue deux rois, des dictatures de gauche puis de droite, des camps de la mort bruns et rouges, un artiste qui vend ses excréments, un écrivain condamné à mort pour avoir écrit un roman, deux jeunes garçons qui se réclament de l’islam et égorgent un prêtre en plein office – sans parler de mille autres choses… Ce livre n’est ni optimiste ni pessimiste, mais tragique car, à cette heure, il ne s’agit plus de rire ou de pleurer, mais de comprendre.


Si je me suis laissée tenter par cet ouvrage c’est grâce (ou à cause) de la grande librairie, émission de François Busnel sur France 5. Je ne sais pas pour vous mais cette émission me fournit régulièrement de nouvelles idées de lectures et Décadence en fait partie.

Il s’agit du premier tome d’une trilogie commencée avec Cosmos et qui s’achèvera avec Sagesse (pas encore publié à ce jour). Pour autant, Décadence peut se lire de façon indépendante.

Quel est le sujet de cet essai de 586 pages ? Pour Michel Onfray les civilisations ont un cycle de vie se divisant en plusieurs étapes : « naître, être, grandir, croître, se développer, rayonner, se fatiguer, s’épuiser, vieillir, souffrir, mourir, disparaître ». L’auteur précisant que, bien évidemment, toutes les civilisations ne connaissent pas les mêmes fortunes. C’est à travers ce « cycle de vie » que le philosophe va se pencher sur notre civilisation judéo-chrétienne et, sans grande surprise au vu du titre du livre, nous montrer que nous sommes sur la mauvaise pente.

Le style m’a fait un peu peur au départ lorsque dans l’introduction se sont succédés des mots comme : hagiographe, ontologie, néguentropie mais au final le tout reste abordable (quitte à se plonger parfois dans un dictionnaire).

Oui, mais qu’en est-il du fond me direz vous ? Je vous répondrais que comme tout essai, on adhère ou pas aux thèses de l’auteur et je laisserais à chacun le soin de se faire sa propre opinion.

Je me contenterais de vous dire que Michel Onfray est l’auteur d’un Traité d’athéologie et qu’il n’est pas tendre avec la religion, on ne saurait le taxer d’hypocrisie ! Quand il a une dent contre quelque chose ou quelqu’un…il ne mâche pas ses mots, j’en veux pour preuve les portraits au vitriol qu’il dresse des grandes figures de la Révolution française (j’en rigole encore pour tout vous dire).

Au final, et malgré le fait que je ne partage pas toutes ses idées, j’ai trouvé cet essai très intéressant à lire et bien rédigé. Je suivrais la date de sortie de Sagesse avec attention pour me confronter à nouveau avec la pensée de ce philosophe.

L’Inquisition qui veut faire triompher la foi met en scène nombre de passions tristes : la dénonciation ne va pas sans jalousie, sans méchanceté, sans malveillance, sans haine…Nous sommes loin de l’amour du prochain, du pardon des péchés, de la bienveillance fraternelle, de la communauté des hommes de bonne volonté réunis dans la foi en la parole des Évangiles !

Laisser un commentaire