Moura, la mémoire incendiée

Un roman d’Alexandra Lapierre publié aux éditions Pocket

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Dans les tourmentes de la Révolution bolchevique, d’une guerre à l’autre, Moura a traversé mille mondes. Aristocrate d’origine russe, elle s’est appelée Maria Zakrevskaïa, Madame Benckendorff, la baronne Budberg… et elle a bien existé.

Elle a été la passion d’un agent secret britannique, la muse de Gorki, la compagne de H.G. Wells, l’égérie de l’intelligentsia londonienne. Elle a côtoyé tous les grands du XXe siècle, le Tsar, Staline, Churchill, de Gaulle. Les uns chantèrent son courage, sa chaleur et sa fidélité. Les autres dénoncèrent ses mensonges. Tous s’entendirent néanmoins sur un point : Moura incarna la vie, à tout prix.


Maria Zakrevskaïa – Madame Benckendorff ou la baronne Budberg – autant de noms pour une personne insaisissable. Presque inconnue aujourd’hui alors qu’elle a côtoyé les grands de ce monde. Elle fut, notamment, la muse et la compagne de deux grands écrivains : H.G Wells et Maxime Gorki.

Soupçonnée d’être une espionne tour à tour des britanniques ou des soviétiques.

Un destin romanesque qui commence en 1892 au sein d’une riche famille aristocratique de la Russie tsariste.

Jeune femme, la révolution bolchevique signifiera pour elle et les siens, la déchéance et la famine.

Pour autant, pas de plainte. Juste une volonté de s’en sortir, d’aider les siens avec un panache incroyable.

Témoin des grands chamboulements du 20ème siècle, Moura restera toute sa vie une figure mystérieuse attachée plus que tout à sa liberté.

Alexandra Lapierre livre ici une biographie très documentée de cette femme passionnante. On ressent au fil des pages toute l’admiration que l’autrice a ressenti pour son sujet.

Malgré quelques passages qui m’ont paru parfois un peu long, cette lecture fut divertissante et une véritable plongée dans un destin qui semble trop incroyable pour être vrai.

Stop ! Pas de pathos. Et jamais de reproches. Inutile d’évoquer pour lui les étapes de cette interminable descente aux enfers. Elle ne lui parlerait pas de l’hiver et du froid. Elle ne lui dirait pas que, dans la maison, les tuyaux avaient gelé avant d’exploser. Qu’il faisait six degrés dans sa chambre, qu’elle grelottait et ne pouvait lui écrire qu’au lit. Qu’ailleurs dans l’appartement, c’était pire. Que la cuisine et le couloir étaient de véritables patinoires. Qu’elle avait dû arracher les boiseries et les parquets pour les brûler et tenter de réchauffer Mummy, dont la maladie empirait. Son médecin parlait de l’opérer. Elle n’allait pas l’assommer avec les angoisses de la vie quotidienne. Rien non plus sur la faim. Elle tairait qu’aujourd’hui, elle avait vu une longue file d’attente devant une affichette :

viande de chien : trois roubles la livre

souris : vingt kopeks.

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