Dans la vallée

Un roman de Hannah Kent publié chez les Presses de la Cité

dans la vallée couv

 

❤️ COUP DE CŒUR ❤️

Voilà une vraie claque, un roman que je viens de finir, qui m’a bouleversée, et qui restera l’une de mes plus belles découvertes de l’année.

« Certains êtres sont différents. Ils sont nés comme ça, sur le bord du monde. Ils savent voir ce que d’autres ne voient pas. Pour eux, les rivières ne coulent pas de la même façon. »

Le temps semble s’être arrêté dans ce village du sud de l’Irlande égaré dans la vallée et battu par la famine. Nóra Leahy a perdu son mari et sa fille et se retrouve seule avec son petit-fils de quatre ans, infirme. Pourtant, Nóra s’en souvient : quelques années plus tôt, Micheál marchait et commençait déjà à parler. Que lui est-il arrivé ? A-t-il été changé, remplacé pendant la nuit par les fées qui auraient posé un démon dans le berceau ? Est-ce à lui que la vallée doit la malédiction qui la frappe ? Mary, la jeune servante que Nóra vient d’engager, se laisse impressionner par les commérages du village et les rapporte à sa maîtresse. Ensemble, les deux femmes se mettent en quête de la seule personne en mesure de sauver Micheál : une originale, qui vit seule dans la lande et parle le langage des plantes. Car, même si tout le monde s’en méfie, on sait que la vieille Nance Roche a le don. Qu’elle communique avec le peuple invisible. Et qu’il n’y a qu’elle pour faire revenir ceux qui ont été enlevés…


En préliminaire, un petit mot sur la couverture du livre qui est juste magnifique et qui a attiré irrésistiblement mon œil à la librairie.

Irlande, 1825. Nóra Leahy, nouvellement veuve, finit par être persuadée que le petit-fils infirme dont elle s’occupe, Micheál, est un changelin et qu’avec l’assistance de Nance Roche, guérisseuse, elle pourra faire revenir le petit garçon du pays des Bonnes gens.

Dès les premières pages, Hannah Kent nous plonge dans la campagne irlandaise du 19ème siècle. Le quotidien est rude, malgré une communauté soudée autour d’une hospitalité sans faille, et rythmé par les traditions.

L’auteure tisse sa toile de façon lente et poétique, à la façon des
longues soirées d’hiver au coin du feu, avec une rare maîtrise.

Les personnages sont dépeints avec une finesse incroyable qu’ils soient principaux ou secondaires.
Les pages défilent et je me suis trouvée face à une lecture touchée par la grâce mais difficile.

En effet, difficile de ne pas entendre le désarroi d’une grand-mère qui finit par être persuadée que ses tourments pourront être réglés lorsque le changelin qui a pris la place de son petit fils sera rendu aux siens.
Difficile de ne pas comprendre Nance qui est intiment persuadée de son pouvoir et du bien qu’elle peut rendre aux gens.
Difficile de ne pas s’attacher comme Mary, engagée pour s’occuper de l’enfant, à ce petit garçon.
Difficile, enfin, de ne pas être ulcéré par le traitement qui lui est réservé… Un bon roman se lit avec plaisir, un excellent roman se lit avec plaisir et ne s’oublie pas. « Dans la vallée » fait définitivement partie de la dernière catégorie et je vous le recommande encore et encore.

Nóra allongea Micheál sur ses genoux. Son petit visage ruisselait de larmes. Elle entreprit de lui masser les jambes et les bras, comme elle avait vu Martin le faire, lissant ses poignets repliés sur eux-mêmes pour les inviter à se détendre. Ses doigts trop raides ressemblaient à de petits bâtons. Ses pleurs s’estompèrent peu à peu et, l’espace d’un instant, elle eu l’impression qu’il la regardait. Ses pupilles si sombres dans ses prunelles bleues, semblaient rivées aux siennes. Nóra frémit. Son coeur bondit dans sa poitrine. Puis le regard de Micheál glissa vers le bas et il se remit à gémir, courbant de nouveau les poignets.

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