Alpinistes de Staline

Un roman de Cédric Gras publié aux éditions Stock

alpinistes de staline couv

Comment les frères Abalakov, célèbres alpinistes russes, ont-ils pu être victimes de la Terreur stalinienne alors qu’ils portaient le marxisme au plus haut des sommets  ? Orphelins sibériens, Vitali et Evgueni conquièrent d’abord les vertigineux pic Staline ou Khan Tengri, au prix de sévères engelures. Il y aura ensuite les exécutions de camarades, les déportations au goulag, ou encore la guerre contre les nazis au Caucase. Envers et contre tout, les frères Abalakov reprendront pourtant le chemin des cimes et de l’Himalaya.

Russophone, Cédric Gras a enquêté, des archives du KGB jusqu’au pic Lénine, afin de reconstituer le destin exceptionnel de ces deux frères qui ont traversé le siècle rouge en rêvant de conquérir l’Everest au nom de l’URSS. Une histoire inédite en Occident.


Les frères Abalakov. Un nom qui parlera peut-être aux férus d’alpinisme, et encore. Pourtant ils ont brillé au firmament de l’alpinisme soviétique et mondiale.

Un nom pour deux frères : Evgueni et Vitali. Deux personnalités opposés : Evgueni, l’artiste, l’alpiniste instinctif, et Vitali un cartésien, organisé et méthodique.

Chacun connaîtra son moment de gloire. L’un d’eux, la prison et la torture.

Car l’U.R.S.S touche de sa politique même les disciplines sportives.

Même cet alpinisme de pionniers, celui des sommets vierges et des montées organisées avec une certaine improvisation et un matériel souvent inadapté.

Un dépassement de soi, de ses limites, une confrontation à ces sommets à la dangerosité implacable, aux tempêtes et au froid ravageurs. Avec en ligne de mire, le graal : l’Everest.

Mais l’alpinisme a dû sacrifier cette liberté qui semble si intrinsèque à sa nature pour pouvoir montrer au monde combien est forte la flamme du communisme.

Rien ne semble si inutile pourtant que ses bustes de Lénine hissés au sommet des montagnes ou ces purges frappant les alpinistes, les envoyant dans les cellules du NKVD et au goulag pour des crimes imaginaires.

L’auteur est passionné et rend ici un très bel hommage à un nom, à deux frères, à ceux qui ont gravi, et qui victimes de la politique ou de la montagne, l’ont souvent payé de leur vie, ce qui semblait inaccessible.

Les chroniques soviétiques font sagement l’impasse sur ces horreurs. Leurs auteurs préfèrent décrire longuement les ascensions héroïques, le développement des camps d’entraînement, l’exponentielle des pratiquants…SI j’en étais resté à cela, je n’aurais jamais pris la plume. Je n’ai plongé dans l’épopée des Abalakov que parce qu’elle dépasse largement leurs exploits. Parce que j’ai découvert les noms des plus grands alpinistes de l’époque là où je n’aurais jamais imaginé les lire. Parce que ce qui fit le plus de ravages dans leurs rangs, ce ne furent ni les œdèmes en haute altitude, ni les chutes de séracs ou la foudre sur des arêtes effilées de rochers. Non, ce fut une calamité qui n’avait, croyait-on, rien à voir avec la montagne : les purges staliniennes.

Ils auraient mieux fait de dévisser d’une paroi immaculée comme un linceul plutôt que de venir crever là, dans les caves maculées du sang de la Terreur.

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