Le soleil des Scorta

Un roman de Laurent Gaudé publié dans la collection Babel chez Actes Sud

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L’origine de leur lignée condamne les Scorta à l’opprobre? À Montepuccio, leur petit village d’Italie du Sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riches. Mais ils ont fait vœu de se transmettre, de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec qu’ils appellent « l’argent de New-York », leur richesses est aussi immatérielle qu’une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie.

Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela confie au curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer. 

Roman solaire, profondément humaniste, le livre de Laurent Gaudé met en scène, de 1870 à nos jours, l’existence de cette famille des Pouilles à laquelle chaque génération, chaque individualité, tente d’apporter, au gré de son propre destin, la fierté d’un Scorta, et la révélation du bonheur.  


Les Pouilles. Le soleil implacable asséchant la terre, celle du village de Montepuccio.

C’est là-bas que se joue le destin des Scorta. Tous animé par une même soif insatiable : la volonté de s’en sortir à la sueur du front.

Au centre de l’histoire, Carmela et ses frères Domenico, Giuseppe sans oublier leur frère de cœur – Raffaele.

Enfants déshérités, d’une muette et d’un bandit reconverti en homme respectable qui jeta aux orties tout ce qu’il avait obtenu sur son lit de mort.

La volonté de s’en sortir chevillée au corps, ils tenteront leur chance à New-York. Mais, impossible de s’éloigner des terres chaudes et sèches, nourricières et hostiles des Pouilles.

Ce roman est solaire, puisant sa lumière dans les terres des Pouilles mais aussi dans des valeurs et des liens indissolubles.

Ce roman est âpre, comme la terre sèche, comme la vie qui reprend ce qu’elle octroyée.

Ce roman est puissant, comme cette famille qui œuvre pour chacun de ses membres, transmettant le savoir acquis aux plus jeunes.

Ce roman est tout cela et bien plus encore. Laurent Gaudé ne raconte pas seulement l’histoire d’une famille et d’une région d’Italie. Il décortique la notion de bonheur. Ce bonheur que l’on cherche pour se rendre compte au crépuscule de sa vie qu’il résidait là, dans les moments même où l’on suait pour l’atteindre. Encore un coup de cœur pour cet auteur.

Elia, dès qu’il le pouvait, allait rejoindre Domenico sur ces terres. L’aîné des Scorta vieillissait doucement, au fil des étés. L’homme dur et renfermé s’était transformé en un être doux au regard bleu, qui n’était pas dénué d’une noble beauté. Il s’était pris de passion pour les oliviers et avait réussi à réaliser son rêve : devenir propriétaire de plusieurs hectares. Il aimait plus que tout contempler ces arbres centenaires, lorsque la chaleur tombait et que le vent de la mer faisait frémir les feuilles. Il ne s’occupait plus que de ses oliviers. Il disait toujours que l’huile d’olive était le salut du Sud. Il regardait le liquide couler doucement des bouteilles et ne pouvait réprimer un sourire d’aise.

Lorsque Elia lui rendait visite, il l’invitait toujours à s’asseoir sur la grande terrasse. Il faisait apporter quelques tranches de pain blanc et un flacon d’huile de sa production et ils dégustaient ce nectar avec recueillement.

6 réflexions sur « Le soleil des Scorta »

      1. J’ai lu « Nous, l’Europe banquet des peuples », un essai intéressant, une réflexion sur l’histoire collective. Mais rien d’autre pour le moment et je ne le classe pas dans mes auteurs essentiels. J’essaierai dans quelques temps un roman.

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