Les Oxenberg et les Bernstein

Un roman de Catalin Mihuleac publié aux éditions Noir sur Blanc

L’Amérique après le pogrom évolue sur deux plans apparemment divergents. Le premier s’articule autour d’une famille de Juifs américains des années 1990, les Bernstein, spécialisés dans le commerce de biens « vintage » et d’occasion. Une famille sans passé, apparemment, dont les membres ne sont guidés que par le pragmatisme de notre époque, où tout – des vêtements aux idées en passant par la nostalgie – est « de seconde main ».

L’autre plan, situé en Roumanie entre les deux guerres et basé sur des documents historiques, suivra le destin de Jacques Oxenberg, obstétricien de renom, de son épouse et de leurs enfants, jusqu’à l’effroyable pogrom de Iași, en juin 1941, le grand tabou de l’histoire roumaine contemporaine.

Lorsque la riche Dora Bernstein et son fils américain, Ben, se rendent à Iasi, berceau de la culture roumaine, les deux plans, menés en chapitres alternés, se rejoignent peu à peu dans les secrets de famille et les zones d’ombre de la mémoire collective.


Les Oxenberg et les Bernstein, deux familles liées par la religion juive mais séparées par l’histoire.

Les Bernstein sont une famille de riches commerçants américains de vêtements de seconde main qui vient de s’enrichir d’un nouveau membre : Suzy, jeune roumaine qui se marie avec Ben, un des fils de la famille

Les Oxenberg sont des juifs aisés de Iasi en Roumanie. Le père est gynécologue, la mère rêve de faire publier une anthologie de nouvelles roumaines en langue allemande tout en veillant sur ses deux enfants Lev et Gorda.

Une chose les sépare cependant : le temps. Car si pour les Bernstein les années 2000 sont sources de sécurité, les années 1940 sont synonymes d’enfer pour les Oxenberg.

L’auteur tisse un roman sur deux périodes, sans surprise liées entre elles.

À travers l’histoire des Oxenberg, Il ouvre une page, plutôt inconnue pour moi, qui est celle de l’histoire roumaine pendant la seconde guerre mondiale avec notamment en sinistre ligne de mir, le pogrom de Iasi. Le texte est souvent dur, insoutenable, comment pourrait-il en être autrement ? Aucune horreur n’est tue, aucune pitié pour le lecteur qui souffre avec les personnages.
Avec les Bernstein, malgré le cynisme sur le capitalisme effréné de cette la revente lucrative de produits de seconde main issus de dons, l’on trouve une pointe d’espoir, celle de la vie qui réussi à triompher. Pied de nez à leurs bourreaux dont les héritiers semblent englués dans un marasme économique.

Au final, un roman poignant et acerbe qui remet en lumière un pan douloureux de la Seconde guerre mondiale, un livre que je recommande.

L’effervescence de ces années-là donne naissance, dans la Roumanie masculine, à une institution respectable et durable : celle de la Maîtresse. Sur ce point aussi, le pays doit bien s’aligner sur les normes internationales. Rois, ministres, écrivains, professeurs d’université, banquiers, industriels, mettent en lumière la distinction entre la femme pondeuse à la maison, à la mamelle desséchée au fil des ans, et la femme d’à côté, au sein bombé comme l’aile d’une auto. L’air confiné de la vie conjugale est confronté au délicat zéphyr de l’inconnu.

2 réflexions sur « Les Oxenberg et les Bernstein »

  1. Vraiment intéressant ! J’en avais pris connaissance rapidement lors des actualités de la rentrée littéraire. Je note ce titre absolument pour découvrir plus en avant la littérature roumaine et l’histoire du pays !

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