Un livre de Nastassja Martin publié aux éditions Verticales
Kamtchatka. L’événement est : un ours et une femme se rencontrent et les frontières entre les mondes implosent. Non seulement les limites
physiques entre un humain et une bête qui, en se confrontant, ouvrent des failles sur leurs corps et dans leurs têtes. C’est aussi le temps du
mythe qui rejoint la réalité ; le jadis qui rejoint l’actuel ; le rêve qui rejoint l’incarné. »
Nastassja Martin est anthropologue. À ce titre, elle a étudiée les populations arctiques et notamment le peuple évène au Kamtchaka.
Lors d’un de ses séjours d’étude, Nastassja Martin va se retrouver face-à-face avec un ours.
Tête à tête sanglant, à défaut d’être mortel.
Commence alors pour elle la reconstruction physique. Longue, douloureuse. Une étrange plongée dans le système hospitalier russe, encore pétri de soviétisme.
Autant le dire tout de suite, les réflexions sont parfois (trop) complexes pour qui n’a pas de connaissance en anthropologie.
Mais ce que je retiendrais c’est cet aperçu de la vie retirée dans ces rudes contrées. De l’animisme. Des saisons qui se succèdent, si différentes de nos vies.
D’une temporalité différente.
Je retiendrais cependant cette belle plongée dans une reconstruction, de cette rencontre avec les évènes au monde si différent du nôtre, si attirant.
Mon esprit part vers l’ours, revient ici, tourne, construit des liens, analyse et décortique, faits des plans de survivant sur la comète. Dedans cela doit ressembler à une prolifération incontrôlable de synapses qui envoient ou reçoivent des informations plus rapidement que jamais, le tempo est celui, éclatant, fulgurant, autonome et ingouvernable, du rêve, pourtant rien n’a jamais été plus réel ni plus actuel. Les sons que je perçois sont démultipliés, j’entends comme le fauve, je suis le fauve. Je me demande un instant si l’ours va revenir pour m’achever, ou pour que je l’achève, moi, ou bien pour que nous mourions tous les deux dans une ultime étreinte. Mais déjà je sais, je sens, que ça n’arrivera pas, qu’il est loin maintenant, qu’il trébuche dans la steppe d’altitude, que le sang perle sur son pelage.