Bad feminist

Un essai de Roxane Gay publié aux éditions Denoël

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Qui est Roxane Gay, l’auteure de ce « livre culte aux Etats-Unis » comme le proclame la couverture ?

Elle est à la fois professeure d’université, auteure et éditrice.

Et que vaut ce « livre culte » ? Analysons cela …

Bad Feminist. Derrière ce titre ironique, Roxane Gay développe une réflexion révolutionnaire et bienvenue sur l’état actuel du féminisme. Lassée des prises de position parfois trop clivantes de certaines organisations féministes, et fatiguée d’entendre des femmes dire qu’elles ne sont pas féministes, elle rappelle que la défense de l’égalité des sexes ne dispense pas d’assumer ses contradictions : on peut aimer la télé-réalité, se peindre les ongles en rose et revendiquer le fait d’être féministe. Bad Feminist regroupe ses chroniques initialement publiées dans The Guardian et sur le site The Rumpus. Roxane Gay y parle de culture, de race, de sexe et de genres, de stéréotypes sur l’amitié féminine, en se fondant sur sa propre histoire de femme noire dans l’Amérique contemporaine. Le portrait qui émerge en filigrane est celui d’une femme au regard d’une incroyable justesse, aussi bien sur elle-même que sur notre société. Une société dans laquelle les produits culturels que nous consommons entretiennent bon nombre de stéréotypes qui finissent par nous définir. Après avoir lu Bad Feminist, vous ne verrez plus les femmes, ni le monde, de la même façon.


Le postulat de départ me parle beaucoup : peut-on se dire féministe si l’on aime se maquiller et faire du shopping ? Une féministe est-elle forcément pas épilée, aigrie et destinée à vouer une haine féroce aux hommes ? Comment se retrouver au milieu de tout cela ?

En préambule, je préciserai que la question du féminisme n’est pas la seule abordée par l’auteure. Elle nous parle également de racisme et de privilèges entre autres.

C’est un essai, ou plutôt une série de courts essais qui m’a beaucoup intéressé grâce à la structure même du livre : chaque essai est relativement court ce qui fait que vous pouvez en lire un le matin au réveil ou entre deux dossiers au boulot.

Ce format implique aussi que l’auteur pose des problèmes, donne son avis mais nous laisse aussi nous dépatouiller avec nos propres avis, une grande place est ainsi laissée au lecteur qui se retrouve à s’interroger à la fin de chaque article. ( les chroniques ayant été publiées à la base dans diverses revues ou blogs).

Un autre parti pris a été d’analyser des éléments de la pop culture à travers le prisme du féminisme ou du racisme (Hunger games, La couleur des sentiments, la série Girls…). Roxane Gay développe très bien les livres/séries/films dont elle parle mais pour ma part c’était un peu frustrant quand je n’avais pas la référence (et j’aime aussi beaucoup la couleur des sentiments mais bon ça c’est un autre débat). Disons qu’elle m’a fourni une nouvelle grille d’analyse culturelle.

C’est un ouvrage qui m’a donné à réfléchir et qui m’a fait rire (car oui Roxane Gay est très drôle parfois), qui m’a également ému et qui m’a conforté dans le fait que je suis aussi une mauvaise féministe mais que mieux vaut ça que de ne pas être une féministe du tout.

Et vous, êtes-vous de mauvaises féministes ?

Je viens d’une famille aimante, où nous sommes très proches les uns des autres, une famille pas parfaite mais géniale. Mes parents ont toujours fait partie de ma vie, même lorsque je les ai repoussés. Je n’ai pas manqué de grand-chose. L’une de mes plus grandes faiblesses, une faiblesse dont j’ai toujours eu honte, c’est que j’ai toujours été solitaire. J’ai eu du mal à me faire des amis parce que je peux être assez gauche, parce que je suis bizarre et parce que je vis dans ma tête. Quand j’étais petite, nous déménagions beaucoup, alors je n’ai jamais vraiment eu le temps d’apprendre à connaître ces nouveaux endroits, sans parler de nouvelles personnes. La solitude m’était familière, et elle a fait de moi ce puits sans fond de désir, ouvert et béant, désespérant de trouver quelque chose pour le remplir.

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