Dieu, le temps, les hommes et les anges

Un roman d’Olga Tokarczuk publié chez Robert Laffont – collection Pavillons Poche

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Antan a tout l’air de n’être qu’un paisible village polonais. L’existence y est ponctuée par le temps ; le temps d’aimer, de souffrir puis de mourir. Antan est situé au centre de l’univers – cœur du monde, cœur des hommes, cœur de l’Histoire.

Mais qui préside à son destin ? Dieu, qui du haut des cieux lui envoie les maux et les bonheurs dévolus aux humains, ou le châtelain Popielski, envoûté par le Jeu du labyrinthe que lui a offert le rabbin qui, d’un coup de dés, renverse peut-être l’ordre des choses ? Un homme se transforme en bête, les âmes des morts errent sur le bourg jusqu’à se croire vivantes, des animaux parlent à une vieille folle, au cours ordinaire de la vie se substitue brutalement la guerre et son cortège d’événements diaboliques…


Antan est situé au centre de l’Univers. Ce village est bercé par les eaux de la Noire et de la Blanche. L’on y trouve un moulin, un châtelain, des paysans. Pour certains, la frontière qui sépare Antan du reste du monde n’est qu’un mirage, ceux qui la franchissent sont englués juste au-delà, leur voyage ne se déroulant que dans leurs cerveaux prisonniers.

Y vivent Michel le meunier, Geneviève sa femme ou encore la Glaneuse aux mœurs étranges et légères. L’on y croise aussi l’âme d’un noyé, un fou vivant dans les bois ou un châtelain qui découvre un jeu étrange…

Antan est le centre du récit d’Olga Tokarczuk.

C’est d’ailleurs bien davantage un conte qu’un roman qu’elle nous propose, et de la même façon qu’elle apportait une touche très originale au polar dans « sous les ossements des morts », elle donne ici sa propre approche de ce genre littéraire souvent cantonné au rayon jeunesse des librairies.

L’on parle dans ce livre des grands questionnements de l’homme, de la vie, de la mort. De l’histoire d’un pays et des relations familiales. Le tout dans de très courts chapitres à la trompeuse simplicité.

Il y a matière à réflexion et la plume de Tokarczuk est toujours aussi singulière.

Pourtant, je suis restée hors de ce récit. La réflexion menée, l’exercice de style m’ont plu mais je n’ai pas ressenti ce livre.

Je l’ai lu sans émotions, bien davantage en mode analytique.

Au final, je l’ai aimé mais sans vibrer.

Plus le châtelain Popielski prenait de l’âge, plus le monde lui paraissait affreux. Jeune, l’être humain est obnubilé par son propre épanouissement, par le recul des frontières : son champ d’activités s’étendu du lit d’enfant aux cloisons de la chambre, puis à toute la maison, au parc, à la ville, au pays, au monde. A l’âge d’homme vient le temps de rêver à quelque chose d’encore plus grand. Mais aux environs de la quarantaine survient un clivage. A force de manifester sa puissance, la jeunesse se fatigue. Une nuit, un matin, l’homme franchit la ligne de démarcation, atteint son sommet, esquisse le premier pas de la descente. Survient la question : faut-il descendre fièrement, défier le crépuscule, ou bien tourner son visage vers le passé, d’efforcer de sauver les apparences, prétendre que cette pénombre résulte simplement du fait qu’on a provisoirement éteint la lumière dans la chambre ?

4 réflexions sur « Dieu, le temps, les hommes et les anges »

  1. Ah, contrairement à toi j’ai adoré, mais je suis consciente aussi que c’est un texte singulier… J’ai personnellement été de suite emballée par le ton, l’atmosphère, ce mélange de conte et de « métaphysique ».. c’est à ce jour mon titre préféré de cette auteure, d’ailleurs.

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  2. J’ai eu plaisir à lire tous ces avis sur Olga Tokarczuk. J’avais noté « Sur les ossements des morts » avec beaucoup d’intérêt. Il me reste à sauter le pas et à découvrir sa prose !

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