La sonate à Kreutzer – Le bonheur conjugal – Le Diable

Trois récits de Léon Tolstoï publié chez Folio classique

la sonate à kreutzer couv

« Je posai le revolver et le recouvris d’un journal. Je m’approchais de la porte et l’ouvris. C’était la sœur de ma femme, une veuve à la fois bonne et stupide…

-Vassia, va la voir. Ah ! c’est affreux, dit-elle.

« Aller la voir ? » m’interrogeai-je. Aussitôt je me répondis qu’il fallait aller la voir, que probablement cela se faisait toujours. Quand un mari, comme moi, avait tué sa femme, il fallait certainement qu’il aille la voir. « Si cela se fait, il faut y aller, me dis-je. Et si c’est nécessaire, j’aurai toujours le temps », songeai-je à propos de mon intention de me suicider…

– Attends, dis-je à ma belle-sœur, c’est bête d’y aller sans bottes, laisse-moi au moins mettre mes pantoufles. »


Le nom de Tolstoï évoque inévitablement ses œuvres principales, ses romans fleuves, Guerre et paix ou Anna Karenine.

Pourtant il fut également l’auteur de courts romans, dont trois nous sont proposés ici par les éditions Folio : le bonheur conjugal, la sonate à Kreutzer et le Diable. Trois récits liés par un fil conducteur : le lien conjugal.

N’y voyez pas une célébration du mariage ou de l’amour, mais plutôt l’opportunité pour Tolstoï de développer des concepts qui lui sont chers.

Le tout étant très moralisateur : critique de la vie de débauche menée par les hommes avant le mariage, dénonciation de la recherche du plaisir à travers l’amour charnel… La Sonate à Kreutzer sera d’ailleurs considéré comme un écrit misogyne par la propre femme de l’auteur, Sophie, qui publiera un récit en réponse à celui de son mari.

Tolstoï étant Tolstoï, les récits sont magnifiquement écrits, les description (notamment dans le bonheur conjugal) retranscrivent à merveille la vie dans la campagne russe.

Bref, j’ai aimé la forme mais beaucoup moins le fond des trois récits.

Et vous, qu’en avez-vous pensé ?

Vous venez de faire allusion aux enfants. Là encore, un effroyable mensonge est répandu à ce sujet. Les enfants sont la bénédiction divine, les enfants sont une joie. Tout cela est mensonge. Tout cela était vrai jadis, mais maintenant il n’existe rien de semblable. Les enfants sont un tourment et rien de plus. La plupart des mères sentent cela directement et parfois, par hasard, le disent sans détour. Demandez à la plupart des mères dans notre milieu de gens aisés, elles vous diront que, par peur de voir leurs enfants tomber malades ou mourir, elles ne veulent pas en avoir, ne veulent pas les nourrir si elles en ont déjà, pour ne pas s’attacher et ne pas souffrir.

4 réflexions sur « La sonate à Kreutzer – Le bonheur conjugal – Le Diable »

  1. J’avais déjà noté ce titre et la réponse de l’épouse ; j’ai l’impression qu’il faut lire les deux en un seul bloc pour remettre en perspective le récit de Tolstoï !

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