Sonietchka

Un roman de Ludmila Oulitskaïa publié aux éditions Folio

Depuis toujours, Sonia puise son bonheur dans la lecture et la solitude. C’est dans une bibliothèque que, à sa grande surprise, Robert, un peintre plus âgé qu’elle, qui a beaucoup voyagé en Europe et connu les camps, la demande en mariage. Avec Robert et, bientôt, leur fille Tania, Sonia n’est plus seule, elle lit moins, mais, malgré les difficultés matérielles de l’après-guerre, elle cultive toujours la même sérénité mystérieuse


Sonietchka grandit, entourée d’une passion dévorante, celle de la littérature. La vie l’effleure à peine, toute occupée qu’elle est de vivre les joies et les peines des autres.

Mais la vie reprend son dû, en la personne de Robert qui la demande en mariage.

La jeune femme devient une épouse pragmatique, soucieuse du bien-être de son époux et de leur fille.

Une femme n’aimant qu’avec passion, accueillant le bonheur comme une erreur, quelque chose d’éphémère, immérité.

Dans ce court roman, Ludmila Oulitskaïa dresse le portrait d’une femme reconnaissante, malgré les épreuves d’abord matérielles puis morales.

Cette acceptation lui donne une tranquillité d’esprit mais inspire, également, une certaine forme de pitié pour ce perpétuel contentement, cette vie au final dont la seule chaleur aura été l’amour de son mari et de sa fille. Une vie en dehors de ses rêves. Une vie qui lui aura convenue et dans lequel elle aura, malgré tout, trouvé le bonheur.

Un court premier roman et pour moi, une première très belle incursion dans les écrits de cette autrice.

Là, il prit peur. il y avait longtemps qu’il ne bâtissait plus de projets. Le destin l’avait conduit dans des lieux si sinistres, dans l’antichambre de l’enfer, sa volonté animale de survivre était presque à bout, et les crépuscules de l’existence d’ici-bas ne lui semblaient plus si attirants, or, voilà qu’il se trouvait devant une femme éclairée de l’intérieur par une réelle lumière, il pressentait en elle une épouse qui abriterait entre ses mains fragiles sa vie exténuée recroquevillée contre terre, il voyait aussi qu’elle serait un doux fardeau pour ses épaules qui n’avaient jamais supporté de famille, pour sa virilité frileuse qui avait fui les charges de la paternité et les contraintes du mariage…

4 réflexions sur « Sonietchka »

  1. C’est aussi avec ce titre que j’ai découvert cette auteure, et j’avais beaucoup aimé (mais aussi beaucoup pesté contre les éditions Folio qui résument l’histoire jusqu’à la fin sur la 4e de couverture…). Je l’ai relue depuis, et je n’ai pas été déçue, avec son court roman « De joyeuses funérailles », et son recueil de nouvelles « Un si bel amour ».

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