L’aviateur

Un roman d’Evgueni Vodolazkine publié aux éditions des Syrtes

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Innokenti Platonov se réveille amnésique dans une chambre d’hôpital. Geiger, son médecin, lui apprend son nom et lui demande de coucher sur le papier tout ce dont il pourra se souvenir. Les premiers épisodes remémorés décrivent l’enfance de Platonov dans la Russie tsariste : il se souvient être né en 1900, près de Saint-Pétersbourg. Son père meurt en 1917. Parallèlement, Platonov devine, atterré, qu’il s’est réveillé en 1999…

L’Aviateur est un roman porteur de réflexions philosophiques profondes, dans un style fluide, laconique et précis. La remémoration fragmentaire est un moteur puissant pour le lecteur. Voué tout entier au thème de la mémoire, le récit est empreint d’une nostalgie poignante. Le fantastique devient prétexte à une réflexion littéraire et philosophique : chaque époque détermine notre vision du monde.

Enfin, le roman offre un regard décalé sur la société de spectacle, où même la tragédie d’un rescapé des camps soviétiques donne lieu à un show.


Innokenti Platonov est un enfant du 20ème siècle. Forcément, il est né en 1900.

Saint-Pétersbourg à l’année, l’été à la datcha. La vie classique d’un jeune garçon d’une famille aisée russe.

Pourtant la révolution bolchevique gronde et emporte tout sur son passage.

1999 – Platonov se réveille. Amnésique – il est dans une chambre d’hôpital. Son médecin lui demande de commencer un journal intime afin de tenter de récupérer ses souvenirs, son histoire.

Voilà un roman exigeant. Qui parle de la vie d’un homme prisonnier d’un temps âpre et inhumain.

Qui nous entraîne dans une réflexion sur le temps, la mémoire. La responsabilité collective des temps de souffrance.

Les russes sont-ils les artisans de leur propre malheur, l’âme russe est-elle condamnée à une recherche du malheur ?

Que devenir, lorsque comme Innokenti, on se retrouve catapulté dans un monde qui, sans nous, a complément changé.

Comment accepter la mort ? Lorsque celle-ci est un expédient à la douleur, l’être humain se réconcilie avec cette idée. Mais, si l’on est heureux, comment ne pas se désoler de devoir tout laisser ?

Quand on croit savoir où l’auteur veut nous mener, celui-ci d’une pirouette nous entraîne ailleurs.

Les nombreux thèmes abordés et la façon dont ils sont traités rendent ce roman assez inclassable.

J’en ressors déroutée et intriguée. Mais pas enthousiasmée, l’absence d’empathie pour les personnages, alors que l’on suit pourtant leur quotidien, m’a laissée un petit goût de déception.

Le souvenir de mon père m’a fait penser à la nature des cataclysmes historiques – révolutions, guerres et autres choses du même genre. Ils sont particulièrement effrayants, non à cause des massacres. Ni même la faim. Mais parce que ce sont les passions humaines les plus viles qui se libèrent. Ce qui, en l’homme, était auparavant endigué par les lois, ressort à la surface. Parce que, pour beaucoup d’individus, seules existent les lois du Code pénal. Ils n’ont pas de règles internes.

Une réflexion sur « L’aviateur »

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