Un livre d’Emmanuel Chastellière publié aux éditions Libretto
Célestopol, cité lunaire de l’empire de Russie, est la ville de toutes les magnificences et de toutes les démesures. Dominée par un duc lui-même extravagant, mégalomane et ambitieux, elle représente, face à une Terre en pleine décadence, le renouveau des arts et la pointe du progrès technologique. On y suit des habitants en quête d’émancipation, rebelles, insoumis – à l’image de la métropole –, qui portent en eux des colères intimes et des fêlures profondes.
Dans ce volume de fantasy d’influence steampunk, l’auteur nous livre un hommage décalé et ambitieux au romantisme slave.
Oubliez un instant l’histoire tel qu’on vous l’a enseigné et partez à la découverte de Célestopol.
Car en cette année 1913, une course de régate se déroule dans cette cité lunaire. Lunaire ?
Oui, l’empire russe a créé une ville vitrine sur la surface de l’astre céleste, dirigée par le duc Nikolaï.
Venez donc découvrir ce livre à la couverture si évocatrice qui referme 13 nouvelles, nous narrant l’histoire de Célestopol.
Les nouvelles semblent un format parfois frustrant par le faible nombre de pages, insuffisant pour entrer dans un monde, découvrir des personnages. Pourtant, rien n’est plus faux avec ce recueil.
Ici l’auteur tisse 13 nouvelles ayant pour cadre la cité lunaire. Ce recueil se lit donc aussi comme un roman.
Célestopol est belle et nauséabonde. Riche et décadente.
Les automates y sont plus doués de raison qu’il n’y paraît, considérés comme des objets à user et jeter. Les puissants profitent d’une vie délicieusement décadente alors que les plus pauvres sont relégués dans les sous-sols de la cité. Les voyages jusqu’à la lune n’empêchent pas les baba yaga et autres demovoï du folklore russe de se joindre à l’aventure.
Certains personnages se retrouvent d’une nouvelles à l’autre mais c’est surtout une trame de fond, qui se joue nouvelle après nouvelle, qui assure la cohérence au tout.
En cette période de confinement, je me suis évadée grâce à ce recueil que je vous recommande.
On pouvait compter les silhouettes présentes dans le cimetière sur les doigts des deux mains. Fedor n’en fut pas vraiment surpris.
Son père était un homme bon, mais peu aimé.
Près de la petite église de l’Annonciation, le jeune homme nota avec aigreur que son frère Dimitri était arrivé avant lui, soutenu par son épouse, Vanina. Comme si cela pouvait avoir une quelconque importance désormais, tenta-t-il de se dire en sentant la colère monter.
Fédor préféra ralentir le pas et détourner le regard. Les environs étaient étonnamment paisibles. Ironiquement, il était impossible à un visiteur anonyme de savoir que le duc Nikolaï avait chassé les moines du monastère du Petit-Saint-Lazare quelques années plus tôt : de toute façon, ces hommes avaient fait vœu de silence. Il ne restait que les bâtiments de pierre qui encerclaient le cimetière, surplombant le canal numéro trois de la cité lunaire. Parfois, quand le barrage alimentant la cité produisait trop d’énergie, il arrivait que le niveau du canal monte brusquement dans une escalade silencieuse. Alors, une brume luminescente s’infiltrait entre les tombes, reliant des fantômes aux histoires diverses.
Une réflexion sur « Célestopol »