En escarpins dans les neiges de Sibérie

Un roman de Sandra Kalniete publié aux éditions des Syrtes

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Je ne sais pas pour vous mais pour moi, l’histoire de la Lettonie est assez confuse mais ce récit familiale lève un voile douloureux sur le sort de ce pays.

Juin 1941 : les autorités soviétiques, qui occupent le territoire de Lettonie depuis un an, organisent l’une des plus meurtrières vagues de répression dans le pays en déportant par convois entiers la population civile. C’est le début de l’horreur pour des dizaines de milliers d’innocents qui disparaissent sans laisser de traces dans les immenses étendues glacées de Sibérie, usés par les privations, ou torturés puis exécutés dans les geôles du NKVD. La famille de Sandra Kalniete ne sera pas épargnée. Sa mère, Ligita, a quatorze ans et demi lorsque, le 14 juin 1941, elle et ses parents sont emmenés. Son grand-père Janis est séparé des siens dès leur arrivée en Russie ; il mourra dans l’enfer des camps. La famille de son père Aivars connaîtra le même sort quelques années plus tard. Sandra est rentrée dans son pays en 1957. Elle n’avait que cinq ans mais jamais elle n’a oublié le regard de sa mère quand celle-ci a pu à nouveau fouler et sentir le sol letton. En escarpins dans les neiges de Sibérie raconte l’histoire bouleversante de sa famille et, à travers elle, celle de tout un peuple qui ne retrouvera sa liberté qu’en 1991, au prix d’énormes pertes humaines et de souffrances imposées par cinquante années d’occupation soviétique.


Ce roman format poche publié aux éditions des Syrtes nous raconte l’histoire d’une famille, celle de Sandra Kalniete, lettone, qui se plonge dans les souffrances de ses parents et de ses grands parents, victimes de la répression communiste.

À travers ce récit, nous est relaté le sort, plus large, de la Lettonie qui va être conquise tour à tour par le régime soviétique puis le régime nazi avant de repasser sous la coupe communiste jusqu’à son indépendance en 1991.

Le sort de cette famille est symptomatique des atrocités commises par ces régimes totalitaires : arrestations arbitraires, tortures, déportation, relégation, simulacre de procès … la liste est longue.

Mais au-delà de cette portée informative, c’est avant tout une histoire d’amour.

L’amour d’une auteure qui, en parlant de son aïeul, au détour d’une phrase par un simple « Grand-père » nous révèle tout l’amour et le respect porté à cet homme qu’elle n’a pas eu la chance de connaître.

C’est encore l’amour de parents faisant tout pour tenter de sauver leurs enfants.
C’est aussi l’amour d’hommes et de femmes qui parvenaient, malgré l’indicible, à se marier et fonder des familles.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture qui apporte un témoignage édifiant sur les souffrances d’un peuple.

La cour martiale siégeait à huis clos, comme il se doit pour un tribunal soviétique, avec des juges, un procureur et, à ma grande surprise, un avocat. En tout, trente et un témoins avaient fait des dépositions. Le procès se déroulait en russe, alors que la plupart des accusés étaient incapables de le comprendre. Les serviteurs de Thémis –  le major Ragoulov, le lieutenant Oleinikov et le lieutenant Levan – devaient certainement s’ennuyer ferme. Ce n’était pas la première fois qu’ils devaient incarner des juges intègres. Les rôles étaient distribués à l’avance, il n’y aurait donc aucune surprise.

 

 

4 réflexions sur « En escarpins dans les neiges de Sibérie »

  1. Lecture très intéressante. Les 3 pays, qu’on nomme Baltes, nous sont presque inconnus à l’ouest. D’ailleurs on les confond toujours.
    Ce livre est un éclairage puissant sur l’histoire récente et dramatique.

    Le silence de nos médias est accablant au sujet d’un événement majeur bravant l’URSS :
    le 23 août 1989, près de 2 millions de Baltes formaient une chaîne humaine de 687 km entre les trois capitales, Tallinn, Riga et Vilnius.

    Merci pour cette chronique !

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