Un roman de Djaïli Amadou Amal publié aux éditions Emmanuelle Collas

Trois femmes, trois histoires, trois destins liés. Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l’époux de Safira, tandis que Hindou, sa sœur, est contrainte d’épouser son cousin. Patience !
C’est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu’il est impensable d’aller contre la volonté d’Allah. Comme le dit le proverbe peul : « Au bout de la patience, il y a le ciel. » Mais le ciel peut devenir un enfer. Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ?
Mariage forcé, viol conjugal, consensus et polygamie : ce roman de Djaïli Amadou Amal brise les tabous en dénonçant la condition féminine au Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.
Munyal. Patience. Un mantra pour accepter, se résigner, enseigné à chaque fille dès son plus jeune âge.
Ramla aime Aminou, un ami de son frère. Le garçon l’aime en retour. Il a même demandé la main de Ramla à son père.
Mais elle ne pourra épouser son amour car elle sera mariée avec un partenaire commercial de son père.
Hindou, quant à elle, va devoir épouser son cousin, pour le calmer, apaiser sa toxicomanie et sa violence.
Safira, enfin, va devoir supporter un affront de taille : son mari décide de prendre une nouvelle épouse, une rivale au cœur de son foyer.
Le devoir lie le destin de ces trois femmes sahéliennes. Munyal, leur répète à chacune leur entourage. Patience, pour supporter l’horreur, le mariage forcé, le viol conjugal, le risque de répudiation.
Les pages de ce roman se tournent sans relâche et illustrent bien à quel point l’exploitation des femmes, leur asservissement est ancré dans la société.
Mariées jeunes, les femmes ne sont pas ou peu éduquées. La coutume, la famille, le sens du devoir, voir le chantage affectif, les conduisent à accepter un mariage forcé.
Et ensuite, comment fuir ? La dépendance économique tisse les derniers maillons de la chaîne qui retient ces femmes.
Cette dépendance conduit à tous les coups-bas contre les co-épouses afin de ne pas prendre le risque de se faire répudier.
Face à cette souffrance féminine, les hommes règnent en maîtres, leur volonté est source de loi domestique.
Ce roman, nouveau lauréat du Goncourt des lycéens, est incroyablement fort et émouvant.
La détresse de ces femmes, pour qui la liste des devoirs est aussi longue que celle des droits de leur époux, résonne à chaque page.
Cette histoire a été celle de Djaïli Amal Amadou. Pourtant celle-ci a pu changer son destin à force de volonté et de courage. L’espoir est toujours présent.
Coup de cœur pour ce roman, n’hésitez pas à le lire et à l’offrir !
« Mes frères et sœurs avaient tous arrêté d’aller en classe à la moindre difficulté, que ce soit une mauvaise note, un redoublement ou un désaccord avec un professeur. Et cela n’avait soulevé aucun commentaire de nos parents. C’était d’ailleurs le lot de tous les jeunes de la ville. Les garçons avaient fini par se retrouver commis dans le magasin de mon père ou de celui d’un de mes oncles, où ils apprenaient le métier de commerçant sur le tas. Quant aux filles, elles restaient à la maison, s’occupant de leurs toilettes, lisant le Coran et attendant patiemment que notre père leur propose un époux. Les plus chanceuses, c’est-à-dire les plus jolies, qui avaient donc le plus de prétendants, pouvaient choisir à condition que l’élu corresponde aux normes de Baaba – évidemment. »
Un cadeau que je vais lire bientôt et je m’en réjoui même si le sujet n’est pas des plus joyeux ! Mais nécessaire et si c’est bien écrit…
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, et même si le sujet n’est vraiment pas très joyeux, il y a quand même un peu d’espoir dans ce livre… Impatiente de lire ta chronique !
J’aimeAimé par 1 personne