L’arbre à pain

Un roman de Célestine Hitiura Vaite traduit par Henri Theureau publié aux éditions Au vent des Îles

Chronique d’une famille polynésienne des quartiers populaires de Tahiti, L’Arbre à pain nous plonge dans le quotidien de Materena, mère de trois enfants et femme de ménage professionnelle, au franc-parler  » local  » et aux rêves simples.

Dans ce premier volet de la trilogie, la succession des récits, authentiques et tendrement drôles, est cousue de fil blanc… celui de la robe de mariée de Materena qui rêve d’une bague au doigt et d’un certificat de mariage encadré au mur. Son tane, Pito, en mâle primaire, entre bière et copains, ne veut rien entendre et résiste. Au risque de se voir réclamer à tout moment de rentrer chez sa mère… Un roman truculent, délicieux de vérité et d’émotion, qui décrit l’art de vivre au fenua et l’amour à la tahitienne dans un style vif et plein d’humour.


Pour Materena, femme tahitienne, la vie suit son cours avec ses trois enfants, son travail de femme de ménage et son homme, Pito. 

Un soir, ce dernier rentre ivre d’une soirée entre copains et lui demande, enfin, de l’épouser. 

Materena est ravie, après tout ce temps, de ne plus être une simple vahiné mais la femme officielle de son Pito, feignant mais aussi père de ses enfants.

Le seul hic, c’est que le lendemain, ce dernier ne semble pas se souvenir de sa demande… Peu importe pour Materena, qui commence à se lancer dans les préparatifs pour cette grande occasion, qui n’aura peut-être jamais lieu.

Ce roman m’a donné un peu de fil à retordre au début. Le style, très parlé, à l’image des dialogues, m’a légèrement gêné au début. 

En outre, la construction du récit, en cours chapitres, comme autant de nouvelles, liées par le fil conducteur du mariage, m’empêchait de m’attacher aux personnages.

Mais plus le roman a déroulé ses pages, plus je l’ai dévoré. Car au final, voilà la grande force de ce récit : aborder pleins d’instantanés de la vie tahitienne. 

Si le récit est truculent, et bourré de touches d’humour, les thèmes abordés varient d’un large spectre allant de la vie quotidienne à des thèmes beaucoup plus sombres. 

On passe de scènes issues de la vie familiale avec les nombreux cousins, la belle-mère intrusive, la religion, ou à l’opposé, l’autrice évoque l’exode pour les villes et l’absence de travail, l’alcoolisme, les adoptions illégales, ou la disparition des traditions.

Ces instantanés ont su me convaincre et m’embarquer pour un aller simple pour Tahiti…la bonne nouvelle, c’est qu’il y a encore d’autres livres relatant la suite des histoires de cette famille à découvrir ! 


Mama Roti, qui assistait à la scène, a bien vu qu’elle était déçue. Elle a secoué la tête et marmonné « Qu’est-ce qu’un homme peut bien faire, de nos jours, pour rendre sa femme heureuse ? » Elle a levé les yeux au ciel et n’a pas arrêté de dire que le cadeau de son fils était bien choisi – une femme a toujours besoin d’une poêle à frire? Mama Rôti a inspecté la poêle en hochant la tête. Elle a tapé dessus du bout des doigts et déclaré : « ça, c’est pas de la camelote, c’est une poêle à frire de bonne qualité. Pas trop grande, pas trop petite, moyenne, bien, quoi. »

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