Les vaincus

Un roman d’Irina Golovkina traduit par Xénia Yagello et publié aux éditions des Syrtes

Conçu dans les années 1960 en Union soviétique et diffusé sous le manteau, Les Vaincus est publié pour la première fois en 1992 avant de connaître un immense succès. Roman de la tragédie russe après les événements de la dictature bolchévique, il évoque les derniers feux d’une noblesse héroïque et d’une intelligentsia idéaliste qui tentent de survivre sous la terreur stalinienne.


Les vainqueurs écrivent l’histoire, dit-on souvent, mais si les rôles s’inversaient ? Si les vaincus prenaient la parole…

Pour raconter la victoire des bolcheviques et la défaite des russes blancs et la terreur qui s’en est suivie. 

Car l’avènement du bolchevisme signifiât la fin des privilèges de la noblesse russe et de l’intelligentsia, mais pas seulement. 

L’impossibilité de trouver un travail lorsqu’on a eu le malheur de naître dans une famille noble, rendant nécessaire la vente des souvenirs familiaux, la réquisition des appartements pour loger d’autres familles.

Puis, les arrestations, les déportations, la torture et les exécutions sommaires. 

Les personnages de ce roman n’ont aucune chance de bonheur. Ou alors si fugace. Assia et Liola, deux cousines, en feront l’amère expérience. La terreur stalinienne s’abattra sur chacun de ceux qui leurs sont chers. Natalia Palovna, leur grand-mère, Nina la chanteuse, Sergueï le musicien, Oleg l’ancien soldat. Tous paieront le sang de leurs ancêtres. 

Certains tentent de renier leur passé, de se couper de leurs racines pour tenter de survivre. D’autres s’accrochent à leurs parentèle, à leurs souvenirs pour ne pas laisser une dernière victoire aux rouges.

Certains regrettent le tsarisme et d’autres reconnaissent que le régime était à bout de souffle. Tous conviennent que la révolution prolétaire a accouché d’un monstre. 

L’héroïsme semble devenir une notion dépassée en ces temps de dénonciation et de calamité.

L’histoire du côté des vaincus ne connaît pas de happy-end, tout au plus un vague espoir que les souvenirs pourront être transmis, qu’une flamme continuera aux travers des nouvelles générations. Un espoir si ténu, face à tant de souffrances. 

Un roman sombre et difficile, bien écrit, qui éclaire la face sombre des victoires, et encore une belle découverte aux éditions des Syrtes.


« Je me souviens, autrefois, à Beriozovka, je venais regarder Assia se réveiller : elle avait les joues roses, le petit corps tiède. Elle se frottait les yeux avec ses petits poings et s’étirait de façon adorable. Avec Vsevolod nous ne pouvions nous arrêter de la contempler. Il la prenait dans ses bras et couvrait de baisers son cou de velours et ses petits pieds. J’étais alors alors amoureux d’une jeune fille et je me disais que j’aurai obligatoirement des enfants si je me mariais. Mais c’était à l’époque. A présent tout est différent, toute la vie a changé ! Moi-même je ne suis plus le même, je suis trop fatigué et ereinté pour commencer quelque chose de nouveau. J’ai déjà donné du reste la moitié de mon affection paternelle à Assia. Et puis, le sentiment que j’ai pour toi a beau être profond et solide, il est de toute façon meurtri et inégal. »

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4 réflexions sur « Les vaincus »

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