Un livre de Léon Tolstoï publié chez le livre de poche

Le magistrat Ivan Illitch sent que sa fin est proche. Tourmenté et à l’agonie, il comprend, au cours de sa profonde introspection, l’échec de son existence et l’hypocrisie de ceux qui l’entourent. Ce thème apparaît aussi dans Trois morts, où le mensonge est omniprésent. Et c’est avec le riche marchand et son domestique, qui se perdent en pleine campagne au cœur de l’hiver russe, que l’écrivain semble faire la synthèse, dans Maître et serviteur, de son dilemme métaphysique.
Présente dans toute l’oeuvre de Tolstoï, la condition de l’homme face à la mort l’est particulièrement dans ces trois récits puissants qui, à travers leur simplicité et leur densité, proposent également la critique acerbe d’une société qui corrompt l’âme humaine.
Tolstoï est connu pour ses grandes fresques mais il déploie aussi son talent dans des formats plus brefs.
Les trois courts récits proposés par Le livre de poche ont pour point commun : la mort.
Le premier, la mort d’Ivan Illitch, nous narre les derniers mois d’un fonctionnaire, le fameux Ivan Illitch. Face à cette longue agonie, le lecteur ressent toute la solitude, la désespérance face à la mort. Le moribond voit arriver sa fin avec une amertume de plus en plus forte lorsqu’il réalise que sa vie n’a pas été aussi réussie qu’il la pensait. Seule l’enfance semble trouver grâce à ses yeux, préambule à une longue suite de compromis et de faibles joies.
Maître et serviteur nous entraîne en plein tempête de neige avec Vassili Andréitch et un garçon de ferme, Nikita. Cette fois-ci, on assiste à un changement profond de l’âme humaine aux portes de la mort, comme si au final seul l’essentiel à préserver devenait important à ce moment-là.
Enfin « Trois morts » retrace comme son nom l’indique, trois trépas différents, mettant à égalité maîtres et serviteurs, tous devant mourir un jour. On retrouve, comme dans le premier récit d’ailleurs, une amertume, une colère voire une haine contre les proches forcément trop soucieux ou pas assez. Trop vivants et éloignés des agonisants.
Ce livre, pourtant, n’est pas dénué d’espoir car pour certains la mort est accueillie avec soulagement, et parfois surprise par sa facilité, sa douceur. Comme si la peur de la mort était bien pire que la mort elle-même.
« Au début, l’infortuné crut se sauver en faisant appel au calme philosophique, qui lui avait toujours été de bon secours en des circonstances analogues : il s’efforça d’ignorer l’humeur acariâtre de son épouse, continua de vivre sans souci comme par le passé, d’inviter des amis pour une partie de whist, de se rendre au club ou chez des connaissances. Mais, un beau soir, Praskovia Fédorovna l’injuria de la façon la plus grossière, et depuis ne manqua jamais de le faire toutes les fois qu’il sortait ou n’accédait pas à ses exigences, comme si elle avait résolu d’appliquer la même tactique jusqu’à ce qu’il se résignât à demeurer au foyer conjugal et à s’ennuyer avec elle. »
Je t’avais suivi pour Les Groseilliers, de Tcheckov, alors bien sûr je rajoute celui-ci sur ma liste 🙂
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J’espère que cela sera encore une belle découverte pour toi 🙂
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