Bonne nuit, Monsieur Lénine

Un livre de Tiziano Terzani traduit par Marta de Tena et publié aux éditions Intervalles


En août 1991, Tiziano Terzani navigue sur le fleuve Amour lorsqu’il apprend qu’un coup d’État vient de renverser Gorbatchev. Il se lance aussitôt dans un long périple qui le mène pendant plus de deux mois à travers la Sibérie, l’Asie centrale et le Caucase jusqu’à Moscou, capitale de ce qui est en train de devenir la nouvelle Russie. Chemin faisant, Terzani compose l’oraison funèbre du communisme soviétique et un récit de voyage inoubliable.

L’auteur analyse les contradictions du communisme, mais aussi celles du capitalisme sauvage qui le remplace. De Samarcande à Boukhara, de Bichkek à Erevan et jusqu’aux confins du Birobidjan, Terzani observe le réveil des nationalismes et de l’islamisme sur les cendres encore chaudes du colonialisme soviétique. Trente ans après, cet ouvrage constitue une immersion fascinante pour comprendre le passé et peut-être surtout entrevoir l’avenir géopolitique de ce territoire qu’on appelait autrefois l’URSS.

Tiziano Terzani est une légende du grand reportage. Correspondant en Asie du Spiegel pendant près de 30 ans, il a été témoin de la chute de Saïgon, du génocide khmer et de la Chine maoïste. Bonne nuit, Monsieur Lénine prouve une fois de plus ses qualités de grand reporter et son talent de visionnaire.


Le nom de Tiziano Terzani ne vous dit peut-être rien. Il s’agit pourtant d’un grand reporter italien, qui semble avoir vécu plusieurs vies en une seule.

En août 1991, le voilà embarqué pour une croisière sur le Fleuve Amour. L’occasion de découvrir ce fleuve légendaire en compagnie de compatriotes russes et chinois.

Seulement, l’Histoire se mêle à leur histoire lorsqu’un putsch éclate à Moscou donnant, ainsi, une nouvelle perspective au voyage. 

Terzani souhaite se rendre à Moscou pour observer les événements depuis la capitale, l’œil du cyclone. 

Mais les événements vont se jouer de lui. Le putsch est un échec qui sonne le glas du bloc communiste.

Le journaliste décide d’analyser cet événement majeur mais, cette fois-ci, depuis la périphérie, lors d’un périple qui va le conduire au sein des républiques socialistes d’Asie centrale. Avec une question centrale : comment le communisme pouvait-il mourir ? 

Car oui, si le bloc de l’ouest avait tendance à ne voir en l’URSS qu’un bloc monolithique, les républiques socialistes vont reprendre dans la foulée leur indépendance.

Le journaliste va vite réaliser que souvent, elles vont se trouver confronter aux mêmes difficultés : des communistes au pouvoir qui vont juste changer d’appellation, la montée du fanatisme religieux et des forces démocratiques exsangues. 

Le journaliste livre le témoignage, parsemé d’anecdotes, d’un système communiste gris et sombre ayant échoué dans son projet. D’une corruption et d’une manipulation généralisées. D’une spécialisation des productions conduisant à l’interdépendance et l’appauvrissement des états satellites. 

Un tel témoignage, avec toute la subjectivité d’un homme, offre un point de vue intéressant sur les événements racontés dans les livres d’histoire. Une vision plutôt critique du monde socialiste, que j’ai eu plaisir à parcourir avec un ordinateur à mes côtés pour voir si les prévisions de l’auteur se sont révélées justes ou non. 

Un livre qui se savoure et donne envie de voyager !


« Le temps est radieux, les collines sont vertes, l’eau du fleuve devient presque bleue. A l’horizon, enfin, la tant attendue Nikolaïevsk… Mais quel dommage ! Autrefois, les villes, aussi petites fussent-elles, s’annonçaient aux voyageurs venus de loin par les silhouettes de leurs clochers, les coupoles de leurs églises, les toits de leurs palais ou de leurs maisons. Maintenant, au contraire, même cette lointaine Nikolaïevsk s’annonce par deux grandes cheminées socialistes crachant de la fumée. L’église était là avant – je l’ai vue sur de vieilles photographies – mais elle aussi, comme tant d’autres belles choses du passé, a dû brûler dans le feu de la révolution bolchevique. »

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